Sommaire de la brochure
Grande révolution d'Octobre, un événement qui a ébranlé le monde
Extrait de Révolution africaine 15 novembre 1967
L’État soviétique a cinquante ans. Un demi-siècle est passé depuis ce jour historique où le parti bolchevik dirigé par Lénine a mis fin à un régime d’exploitation séculaire en Russie. Bien sûr, le tzar avait été chassé du pouvoir quelques mois plus tôt, mais le gouvernement Kerensky s’était montré incapable de résoudre les nombreux problèmes qui se posaient alors au pays tels que celui de la paix, ou d’entreprendre une réforme agraire et même d’assurer le maintien de l’ordre dans les villes et campagnes. En réalité le gouvernement provisoire ne cherchait qu’à maintenir l’ancien régime. Cette carence des représentants des hobereaux et des capitalistes à courte vue n’a fait que précipiter les choses. Aussi lorsque le Soviet de Petrograd s’est saisi du pouvoir le 25 octobre 1917 (de l’ancien calendrier), les ministres installés au Palais d’Hiver n’ont même pas essayé de résister au premier coup de semonce tiré à blanc par le croiseur Aurora.
L’Union soviétique célèbre cette semaine, le cinquantenaire de la Grande révolution d’Octobre. Les pays du camp socialiste, les pays progressistes et les partis révolutionnaires du monde entier fêtent eux aussi l’événement qui a ébranlé la planète. À part la Chine, l’Albanie et le parti communiste des Pays-Bas, tous se sont fait représenter à Moscou où doivent se dérouler des cérémonies revêtant un éclat exceptionnel. Leningrad et Moscou se préparent depuis des mois pour ce grand jour.
Cinquante ans après
En Occident par contre on n’a pas attendu la date du 7 novembre 1967 pour fêter la révolution d’Octobre, la presse bourgeoise abonde depuis des semaines d’articles, d’études et de chroniques sur la portée historique de ce jour glorieux entre tous, d’autres s’ingénient à présenter des bilans et parfois des comparaisons avec tel ou tel pays capitaliste dans tel ou tel secteur particulier ; c’est ainsi que la revue américaine Newsweek qui consacre son dernier numéro à l’URSS, sous le titre La Russie 50 ans après, nous dit que l’Union soviétique est très loin en ce qui concerne les voitures derrière les États-Unis (235 000 contre 8,6 millions). Ce que Newsweek ne dit pas, c’est que l’Union soviétique a un service en matière de transports incomparable. De plus, il ne faut pas oublier que dans sa très courte histoire, l’Union soviétique a presque constamment été en guerre, préparant la guerre en pansant les blessures de la guerre. L’intervention des puissances impérialistes au lendemain de la révolution d’Octobre, puis les menaces hitlériennes, la Seconde Guerre mondiale, la guerre froide ne lui ont guère laissé de répit. Et pourtant le chemin parcouru est immense. D’un pays sous-développé, Lénine et ses héritiers ont fait la deuxième puissance industrielle de la planète. Un chiffre : dans la période qui va de 1929 à 1966, l’accroissement annuel moyen de la production industrielle a été de 11,1 % contre 4 % aux USA et 2,5 % en Grande-Bretagne et en France.
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L’influence de la révolution d’Octobre
La cause de la révolution socialiste en URSS se passe bien d’avocats ; ses réalisations et ses mérites suffisent amplement pour plaider en sa faveur.
Un aspect sur lequel par contre on n’insistera jamais assez parce qu’il intéresse tout un chacun, c’est l’influence exercée par la Grande révolution d’Octobre sur l’humanité et notamment dans les pays anciennement colonisés. En effet, la première leçon qui a été tirée de l’événement c’est qu’un peuple organisé peut, en y mettant le prix, se débarrasser d’un régime d’oppression. Octobre 1917 a permis à des millions d’hommes brimés de prendre conscience de leurs possibilités nouvelles. En ce sens, la décolonisation en a été précipitée et les mouvements de libération nationale embryonnaires à l’époque ont reçu un coup de fouet dont ils avaient bien besoin à l’époque où personne ne les prenait au sérieux.
Les travailleurs du monde entier avaient accueilli avec enthousiasme l’accession du parti des ouvriers et des paysans à la tête de l’État. Partout, en Allemagne, en Angleterre, aux États-Unis des comités de soutien s’étaient spontanément créés pour crier « bas les pattes » aux interventionnistes. Les masses laborieuses ne s’étaient pas trompées sur la signification de l’événement. L’URSS s’est, bon gré, mal gré, imposée à la conscience des capitalistes qui ont été depuis obligés de tenir compte de cette présence fort contraignante. Le système capitaliste lui-même a été réformé pour survivre. Le grand capital s’est accommodé et a tenté de s’adapter à cette situation nouvelle pour sauver l’essentiel par l’introduction d’un certain dirigisme de l’État. La notion de croissance économique, la planification et bien d’autres éléments ont été empruntés à l’expérience soviétique par les régimes capitalistes.
La peur de la « soviétisation »
Les avantages accordés aux travailleurs ont été arrachés par crainte de la « soviétisation ». La journée de huit heures, la retraite, le droit au travail, la Sécurité sociale, l’assurance vieillesse qui sont les habituels chevaux de bataille de la CISL seraient impensables sans la révolution d’Octobre. Et les propagandistes du « Monde libre » de ricaner : « Voyez, disent-ils, cinquante ans après la révolution d’Octobre le revenu par tête d’habitant en URSS représente à peine les 2/3 de celui de l’Europe occidentale et le 1/3 de celui des États-Unis ». Et de glisser sur le fait que le niveau de départ de l’État socialiste en URSS était bien bas, exception faite des quelques îlots d’industrialisation à Saint-Pétersbourg et à Moscou. Sans parler des limites de l’indice du revenu moyen souvent très contestable quand on compare des pays à systèmes socio-économiques différents. Car pour les pays socialistes, il faut tenir compte de la gratuité des soins médicaux, du loyer très bas et du coût modique des produits de première nécessité.
Mais ces attaques perfides n’ont guère de prise sur les événements. La révolution d’Octobre a fait tache d’huile. Le camp des pays socialistes et des pays progressistes s’élargit sans cesse et englobe le tiers de l’humanité.