Sommaire de la brochure
L'important développement de la coopération Algérie-URSS
Traiter d’égal à égal avec un pays hautement industrialisé n’est-ce pas naturellement le désir de tout pays qui s’étant libéré de la tutelle colonialiste, travaille ardemment à surmonter son retard économique ? Mais pour qu’une pareille coopération s’établisse, il convient que le partenaire ne soit pas préoccupé de la recherche maximum du profit et de la volonté de rétablir, par un biais ou un autre, des rapports de sujétion néocolonialiste.
On peut dire que depuis le 19 juin 1965, date de l’avènement du gouvernement Boumediene, l’Algérie engagée dans la construction raisonnée et patiente du socialisme, s’est employée à établir avec tous les États socialistes, et particulièrement avec l’Union soviétique, des rapports d’égalité qui vont lui permettre d’accélérer sa marche au socialisme.
La coopération économique algéro-soviétique a été étendue et renforcée de manière importante à l’occasion du voyage qu’a fait en URSS, en juillet 1968, M. Belaïd Abdesselam, ministre algérien de l’Industrie et de l’Énergie.
La délégation soviétique qui a conclu les accords était présidée par M. Skatchkov, président du Comité d’État pour les relations économiques extérieures auprès du Conseil des ministres de l’URSS. Au cours de son voyage, la délégation algérienne a eu l’occasion de rencontrer MM. Kossyguine, président du Conseil des ministres de l’URSS, Novikov, vice-président du Conseil des ministres, Babakov, vice-président du Conseil des ministres et président du Gosplan, Kirilline, vice-président du Conseil des ministres, Neporojnye, ministre de l’Énergie et de l’Électrification, Patolich, ministre du Commerce extérieur, Lomako, ministre de la Métallurgie des non-ferreux, Sidorenko, ministre de la Géologie, Chachine, ministre de l’Extraction pétrolière, Borrissov, vice-ministre de la Métallurgie, Ariajoin, ministre de l’Industrie alimentaire.
Les deux parties, animées par la volonté exprimée par les deux gouvernements d’étendre et de renforcer la coopération économique dans tous les domaines, ont arrêté d’importantes mesures pour atteindre cet objectif.
Toutes les dispositions nécessaires ont été prises pour poursuivre et développer les programmes de coopération déjà engagés par les deux pays dans des domaines de l’industrie, des mines, des hydrocarbures, de l’agriculture et de la formation professionnelle.
Les nouveaux accords économico-scientifiques
En étudiant les moyens de multiplier les volumes des échanges commerciaux entre les deux pays et de valoriser les secteurs sensibles de l’économie algérienne, l’URSS s’est engagée à acheter d’importantes quantités de vin algérien pendant une période de sept ans allant de 1969 à 1975. En 1969 et en 1970, le contingent annuel sera de 5 millions d’hectolitres par an. Par ailleurs, tenant compte des difficultés de stockage que connaît actuellement l’Algérie, l’URSS s’efforcera de prendre livraison en 1968 de la plus grande partie du contingent de vin prévu pour 1969. L’Algérie augmentera ses ventes de pétrole à l’URSS qui seront portées à 500 000 tonnes en 1969 et 1970.
Les achats de vins algériens permettront à l’Algérie d’accroître considérablement ses acquisitions d’équipements et de marchandises en URSS, d’assurer le paiement des experts soviétiques travaillant en Algérie et, éventuellement, de rembourser les tranches de crédits venant à échéance.
Les quantités de vins à livrer au cours des années allant de 1971 à 1975 seront déterminées d’un commun accord dans un délai de deux mois et permettront en particulier de financer l’extension de l’usine sidérurgique de Annaba.
Tenant compte des priorités de l’économie algérienne, les deux parties ont par ailleurs décidé d’accélérer la réalisation de certains projets. Ces mesures concernent notamment :
— L’avancement des travaux entrepris dans le secteur sidérurgique ;
— Le développement et la réorganisation de certaines entreprises industrielles algériennes ;
— La réalisation d’unité d’alcool de cognac et de cognac ;
— L’implantation d’une unité de verre plat ;
— La recherche, l’assistance technique et la fourniture d’équipements dans le secteur minier et dans celui des hydrocarbures ;
— La réalisation d’une centrale électrique ;
— La mise en œuvre d’un programme de construction de barrages d’irrigation ;
— La création d’un technicum et d’un institut pour la formation de cadres dans les domaines industriels et miniers.
Se fondant sur les rapports d’amitié existant entre les peuples algérien et soviétique et sur la volonté commune des deux gouvernements de donner à la coopération entre les deux pays une assise plus profonde et une ampleur à la mesure des possibilités de l’Algérie et de l’URSS, les deux parties ont convenu de reprendre en commun la réalisation de plusieurs projets dont l’importance et la portée permettront un renforcement rapide de l’indépendance de l’économie algérienne.
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La partie soviétique, qui a déjà passé des marchés pour la réalisation de l’aciérie et de la coulée continue, accroîtra sa participation à la réalisation du complexe sidérurgique intégré aussi bien dans sa première phase que dans son extension jusqu’à une capacité de 1,2 million de tonnes d’acier par an. La réalisation des investissements prévus envisagera l’utilisation de la houille algérienne et la valorisation des minerais de fer algériens. Au cours de l’année 1969 sera lancé un programme de recherches minières systématiques couvrant l’ensemble du territoire algérien.
Ce programme s’échelonnera sur sept ans et sera réalisé avec les méthodes et les moyens les plus modernes. Il vise à l’établissement de toutes les cartes géologiques nécessaires à la mise en évidence de toutes les potentialités du sous-sol algérien et permettra un passage rapide à la mise en exploitation des gisements dont l’importance sera reconnue. Parallèlement, des travaux de recherches minières seront effectuées dans le Hoggar par plusieurs équipes soviétiques avec des objectifs déjà précisés, concernant certains travaux comme l’or, le platine, l’étain, le wolfram.
Dans le secteur des hydrocarbures, les deux parties ont décidé de mettre tout en œuvre pour le développement de la recherche, de l’exploration et de l’exploitation des gisements.
La partie soviétique livrera à la partie algérienne, des équipes de sismique, de géophysique et de géochimie et lui prêtera toute assistance technique nécessaire. En outre, elle mettra à sa disposition les derniers équipements mis au point en URSS, tels les appareils de forage électrique et les turbines les plus perfectionnées. Enfin, elle lui prêtera son concours pour l’adaptation de ces équipements aux conditions de travail existant en Algérie.
Un plan de développement des pêches sera mis en œuvre grâce notamment à la livraison de chalutiers et de bateaux de reconnaissance.
Les deux parties ont également convenu de développer leur coopération dans le domaine scientifique et culturel par l’intensification des courants d’échanges entre spécialistes et instituts de recherches des deux pays.
Commentant ces nouveaux accords, El Moudjahid du 24 juillet écrivait dans son éditorial intitulé : « Amitié et coopération » :
« La conclusion de l’accord réalisé avec l’Union soviétique contribue dans une appréciable mesure à la solution du problème du vin. L’URSS s’engage en effet à importer, en 1969 et 1970, cinq millions d’hectolitres de vins algériens chaque année. Les achats se poursuivront jusqu’en 1975, les tranches ultérieures étant fixées d’un commun accord.
« Parallèlement, un million et demi à deux millions d’hectolitres seront transformés en eau-de-vie dans cinq unités de fabrication, construites dans le cadre de l’accord avec l’Union soviétique.
« L’accord signé avec l’URSS comporte également d’autres dispositions qu’il convient de noter et qui concourent au renforcement de l’indépendance économique de l’Algérie : ainsi en est-il de l’extension de notre production d’acier, qui augmente proportionnellement la capacité de notre industrie lourde, ainsi en est-il du programme de recherches minières systématiques qui vise à permettre une exploitation maximale des ressources du sous-sol algérien.
« Le respect mutuel qu’inspirent les relations entre les deux pays n’a pas été la moindre base qui a permis aux entretiens de se dérouler dans une atmosphère cordiale, d’être marqués par un souci d’efficacité et d’intérêt réciproque.
« L’important accord qui les a couronnés, donnera une impulsion nouvelle à la coopération et à l’amitié entre les deux peuples. »
L’assistance militaire
Au moment même où ces nouveaux accords étaient signés, le maréchal Andrei Gretchko, ministre de la Défense de l’Union soviétique, faisait un séjour en Algérie.
Le maréchal Gretchko devait se rendre à Alger, Constantine, Teleghma, Batna, Timgad, Arzew et dans plusieurs bases militaires. Invité par le Président Boumediene, il passa en revue, avant de reprendre l’avion, un détachement de l’Armée nationale populaire.
Nul n’ignore l’assistance militaire que l’Union soviétique apporte à l’Algérie. Cette assistance militaire, qui a permis au jeune État socialiste de posséder rapidement d’importants moyens de défense, s’inscrit naturellement dans la lutte anti-impérialiste que mènent l’Algérie et l’URSS.
L’Algérie apporte une attention particulière à la formation de son armée et à l’organisation de ses moyens de défense. Aussi devait-elle, naturellement, établir des rapports étroits dans ce domaine avec l’Union soviétique qui occupe, comme on le sait, une place essentielle dans la défense du camp socialiste.
Ces rapports ne sont pas des rapports de sujétion puisque c’est l’Algérie et l’Algérie seule qui décide de ses besoins et de l’organisation de sa défense. Tout comme elle décide entièrement de sa politique extérieure, une politique éminemment anti-impérialiste.
Dans son combat armé contre le colonialisme français, le peuple algérien a acquis une grande expérience militaire. Maintenant qu’il a conquis le pouvoir, il s’agit pour lui, en s’appuyant sur ses amis, les autres États socialistes, de donner une envergure nouvelle à sa politique de défense et de soutien aux luttes anti-impérialistes d’Afrique.
Comparée à la coopération avec la France, la coopération que l’Algérie pratique avec l’Union soviétique apparaît naturellement d’un tout autre contenu, d’une tout autre valeur. Mais dans le premier cas, la coopération se fait avec un pays capitaliste alors que dans le second cas, il s’agit d’une coopération avec un pays frère, un pays ami. La différence est capitale et les travailleurs ne peuvent que se louer de l’important développement que connaît maintenant la coopération algéro-soviétique.