Communistus

Média communiste pour toute l'Europe

fondé par Michèle Mestre

12/1968 · Le socialisme scientifique algérien · p. 31-38
Sommaire de la brochure
  • Éditorial
  • Une civilisation d'une grande richesse
  • Ibn Khaldoun, précurseur de la science historique
  • Colonialisme et personnalité algérienne
  • Un peuple qui jamais ne renonça
  • Trois dates historiques : le programme de Tripoli, la Charte d'Alger, les documents du 19 juin
  • La reconstruction révolutionnaire du parti du FLN
  • Développement économique et planification
  • L'UGTA et la construction du socialisme
  • Armée nationale populaire, base décisive de la révolution
  • Document : « Notre justice doit-être révolutionnaire au service du peuple et à sa portée »
  • L'Union nationale des femmes algériennes
  • Pour une véritable coopération franco-algérienne
  • L'important développement de la coopération Algérie-URSS
  • L'Algérie au premier rang des luttes anti-impérialistes
  • Une grande admiration pour Marx, Lénine et la révolution d'Octobre
  • Karl Marx en Algérie
  • Lénine et les « Thèses d'Avril »
  • Grande révolution d'Octobre, un événement qui a ébranlé le monde
  • Marxisme et socialisme scientifique algérien
  • Développement économique et planification

    En choisissant le socialisme comme forme de développement, l’Algérie a indiqué clairement, au lendemain de l’indépendance, qu’elle engageait le combat pour réaliser son émancipation économique sans laquelle l’indépendance politique n’est qu’un mot vide de sens. Elle montrait aussi qu’elle comptait d’abord sur elle-même pour réaliser son avenir économique. Elle prouvait enfin que le but et les moyens de la révolution restaient aux mains du peuple.

    Caractère scientifique des recherches pour le développement de l’économie

    Le choix du socialisme est avant tout un choix politique qui implique l’adhésion des masses populaires. Mais les voies et les moyens du socialisme impliquent tout autant la connaissance des conditions objectives et des lois du développement économique, c’est-à-dire une attitude scientifique. Cette attitude est à l’opposé du volontarisme, de l’improvisation hâtive et incohérente qui ont marqué certains actes du gouvernement Ben Bella et qui le conduisaient à la confusion et à l’impuissance.

    C’est le premier mérite du Conseil de la Révolution d’avoir stoppé ce processus de dégradation et complètement rompu avec les méthodes arbitraires en choisissant les voies patientes d’une construction scientifique de l’économie algérienne.

    Au moment de l’indépendance, le passif était particulièrement lourd. À toutes les tares du système économique typiquement colonial dont héritait l’Algérie s’ajoutaient plus d’un million de morts, autant de veuves et d’orphelins, deux millions de chômeurs et les destructions de la guerre (des milliers d’hectares de forêts brûlés, huit mille villages rasés, des zones minées, un cheptel décimé, les destructions que l’OAS avaient faites dans les villes).

    L’expérience des pays socialistes prouvait qu’il n’existait pas de solution toute faite et immédiatement applicable pour sortir de cette situation difficile et instaurer le socialisme. Pour l’Algérie aussi, il fallait repenser l’ensemble des problèmes, recenser les richesses et [32] les faiblesses, établir l’ordre des priorités afin de dégager les solutions cohérentes qui ne sacrifient pas l’avenir au présent.

    Un des premiers actes du gouvernement Boumediene fut d’organiser à travers tout le territoire un recensement complet de la population et des biens, et par conséquent des besoins, qui constitua le document de base pour l’élaboration du Plan.

    Nous aborderons plus loin ce peint central qu’est la planification. Mais il fallait dire --- car ce trait est généralement passé sous silence par la presse occidentale même de « gauche » --- que l’Algérie est en train de construire le socialisme sur des bases scientifiques.

    L’Algérie doit devenir un pays industriel

    La priorité accordée à l’industrialisation du pays est une manifestation de cette orientation scientifique. L’exploitation colonialiste avait en effet fait de l’Algérie un pays essentiellement agricole, dont l’économie était complémentaire de celle de la France et qui devait importer la plupart des biens d’équipement et des biens de consommation d’origine industrielle. Le secteur industriel --- en dehors du pétrole et des mines --- était limité à un certain nombre de petites et moyennes entreprises se livrant à une activité de transformation. Mais, malgré la présence dans le sous-sol algérien de matières premières minérales, il n’existait pas d’industrie de base.

    L’Algérie se trouve devant l’obligation de consacrer une grande partie de ses ressources financières à l’investissement industriel pour se doter de l’infrastructure nécessaire à son indépendance économique. Tous les responsables algériens insistent sur cette nécessité qui a pour corollaire une certaine austérité pendant les premières années dans le domaine de la consommation. Par ailleurs, ils soulignent « qu’une industrialisation qui se veut continue et qui ne doit pas se révéler à long terme une chimère, doit inclure et conjuguer le développement harmonieux de l’industrie et de l’agriculture » et qu’il faudra « multiplier les échanges économiques et techniques entre les deux secteurs » (Kaïd Ahmed, juillet 1966). Toutefois, dans le processus de développement, c’est à l’industrie qu’échoit le rôle moteur.

    Réappropriation des richesses nationales

    La récupération des terres détenues par les colons a été l’un des objectifs constamment affirmés de la révolution algérienne dont les combattants étaient en majorité des paysans. Il n’est donc pas étonnant que le processus de récupération des terres ait commencé spontanément. Dans les premiers mois qui suivirent les accords d’Évian, les ouvriers agricoles, s’opposant à l’accaparement des terres par les spéculateurs, occupèrent les exploitations abandonnées par les colons et y organisèrent le travail. Un décret du 22 octobre 1962 légalisa cette situation en confiant la responsabilité des exploitations à des comités de gestion provisoires. 950 000 ha se trouvèrent alors en autogestion.

    Les décrets de mars 1963 consacrèrent l’autogestion et l’étendirent aux entreprises à caractère industriel, commercial, artisanal, aux immeubles, aux entreprises agricoles qui avaient fait l’objet d’une constatation de vacance et qui devinrent ainsi des « biens vacants » gérés par les travailleurs.

    En septembre 1963, la récupération des terres était totalement achevée par la nationalisation de toutes les exploitations encore détenues par des colons européens et la confiscation de celles ayant appartenu à des Algériens collaborateurs. Le secteur agricole autogéré s’étend alors sur 2 700 000 ha.

    En ce qui concerne le secteur industriel et bancaire, toute une série de mesures de nationalisations et d’institutions de monopoles sont intervenues. C’est ainsi que toutes les mines et toutes les banques étrangères ont été nationalisées. En se réservant le monopole sur les opérations d’assurances, sur toutes les opérations financières avec l’étranger, sur le commerce d’importation des produits métallurgiques, de la distribution des produits pétroliers et du gaz, l’État algérien se libère de toute emprise extérieure puisque l’ensemble de ces secteurs se trouvaient sous contrôle étranger. Comme nous le verrons plus loin, notamment avec industrie pétrolière, le rôle du capital étranger se trouve réduit au minimum compatible avec le rythme de développement souhaité.

    Développement de l’énergie et de l’industrie lourde

    L’action du gouvernement dans le domaine de l’industrie et de l’énergie a pour fondements la valorisation des ressources naturelles du pays, notamment dans le secteur des hydrocarbures et des mines et la réalisation d’un programme d’industrialisation.

    I. --- Les hydrocarbures

    Le sous-sol algérien recèle de riches gisements de pétrole et de gaz naturel dont s’étaient emparées des sociétés étrangères, françaises pour la plupart. Mais il était impensable que l’Algérie socialiste laisse entre les mains de celles-ci la mise en valeur d’un tel potentiel. Le gouvernement s’est donc attaché à créer, développer, renforcer une industrie nationale à tous les stades de la production.

    C’est dans cette perspective qu’a été créée la Sonatrach (Société nationale de transports et de commercialisation des hydrocarbures), le 31 décembre 1963. Un décret du 22 septembre 1966 étend l’intervention de celle-ci à la recherche, la production et la transformation des hydrocarbures.

    Alors que l’exploration pétrolière était presque totalement arrêtée au début de 1966, la Sonatrach s’est engagée dans une recherche systématique de réserves de pétrole et de gaz en mettant en œuvre les méthodes les plus modernes de prospection et de forage. Elle a agi soit seule, soit au sein de l’Association coopérative créée par les accords algéro-français de [33] juillet 1965. Le travail effectué est déjà considérable : plusieurs sondages d’exploitation 100 % algériens sont terminés et le forage d’un puits de développement est en cours d’achèvement à Cassi el Adem.

    D’une manière plus générale, l’évolution de la répartition de la superficie des permis miniers par groupe financier montre la part croissante de la Sonatrach et la part décroissante des intérêts français et étrangers.

    La Sonatrach a des participations atteignant parfois 50 % dans la production de plusieurs champs où le rôle d’opérateur est assuré par d’autres sociétés. Mais son rôle ne cesse de s’étendre dans ce domaine puisqu’elle agit comme seul opérateur dans l’exploitation du puits de pétrole El Borma Ouest 1 et qu’elle conservera ce rôle ailleurs à la suite de ses recherches propres.

    On évalue à près de 35 millions de tonnes le pétrole récupérable dans les gisements découverts au cours de 1967.

    La part de l’État algérien dans la propriété des moyens d’évacuation du pétrole brut vers la côte a fait un bond considérable depuis les premiers accords franco-algériens avec la création de l’oléoduc Haoud El Amra-Arzew, purement algérien. Cette part est passée de 8,9 % à 45,9 % et elle dépasse 60 % si on ne tient compte que des canalisations existant sur le territoire national.

    Depuis le début de l’année 1968, ce troisième oléoduc a une capacité totale de 22 millions de tonnes. Une bretelle vers Alger est en voie de réalisation et, fait notable, 50 % des tubes qui la formeront sont de fabrication algérienne.

    Un quatrième oléoduc, purement algérien également, est en projet, qui doit déboucher dans la région d’Annaba.

    Pour le gaz, la Sonatrach a concentré ses efforts à l’a réalisation du gazoduc Hassi-R’Mel-Skikda qui doit alimenter un certain nombre de complexes industriels, prévus dans la région de l’Est. Les travaux de construction et de pose du gazoduc, commencés au début de l’année 1968 s’achèveront en 1970.

    L’objectif prioritaire est d’amener le gaz dans les régions de l’Algérie qui en manquent. Mais l’exportation est une nécessité. Aussi le gazoduc va-t-il être complété par une usine de liquéfaction et un port méthanier à Skikda.

    Le raffinage est assuré par la Compagnie de Raffinage en Afrique du Nord (CRAN) à Hassi Messaoud et par la Société de la Raffinerie d’Alger (SRA). La Sonatrach participe à la première en tant que participant de la S.N. Repal ; et dans la seconde, elle est devenue le principal actionnaire avec 44 % du capital.

    En ce qui concerne la transformation et l’utilisation industrielle du gaz, c’est le contrôle total que vise la Sonatrach. Dans cette perspective elle fait construire à Arzew une usine d’ammoniac et d’engrais azotés d’une capacité d’un million de tonnes par an et projette la création d’un complexe pétrochimique à Skikda.

    Les circuits de distribution, après plusieurs étapes, sont maintenant totalement entre les mains de l’État algérien. La mesure de nationalisation intervenue le 17 mai 1968 confère à la Sonatrach le monopole de la distribution des produits pétroliers.

    Elle détient également le monopole de la commercialisation du gaz algérien sur les marchés étrangers.

    L’État algérien se trouve donc à présent à tous les stades de l’industrie pétrolière : recherche, exploitation, transformation, commercialisation et cette présence ne fait que grandir.

    II. --- Les mines

    L’ensemble des mines a été nationalisé le 6 mai 1966 et leur gestion confiée à la Société nationale de recherches et d’exploitation (Sonarem). Avec l’aide des pays socialistes qui fournirent des techniciens à la suite du départ des cadres attachés aux anciennes sociétés étrangères, et grâce aux crédits débloqués, la Sonarem entreprit de remodeler complètement l’exploitation minière dans le cadre et selon les objectifs du développement économique du pays.

    Cette politique a été une réussite. Elle s’est traduite non seulement par la connaissance des réserves qui permet d’ores et déjà une organisation plus rationnelle de la production, mais par une commercialisation qui, dans le domaine des minerais non ferreux notamment, a dépassé tous les niveaux antérieurs à la nationalisation.

    Divers projets et réalisations en cours concernent les mines de fer de l’Ouenza, celles de plomb et de zinc d’El Abed, celles de charbon de Kenadsa. Les régions du sud sont également l’objet de prospections systématiques.

    III. --- Sidérurgie et industrie de transformation

    Jusqu’à l’élaboration du plan triennal (1967-1969), le gouvernement avait appliqué le programme d’urgence destiné à satisfaire les besoins les plus immédiats de la population. Ainsi dans le domaine textile, de nombreux complexes ont été réalisés ou sont en voie d’achèvement. Dans d’autres secteurs, c’était tout simplement le souci d’utiliser au maximum le potentiel déjà existant qui avait orienté les décisions gouvernementales. Le programme de l’année 1968 marque une orientation nouvelle de l’investissement industriel par la priorité donnée à l’industrie lourde. L’objectif est de doter le pays, dès 1972, de tous les produits industriels de base qui lui sont nécessaires.

    Nous avons vu comment cette action se manifestait dans le secteur des hydrocarbures, de la pétrochimie et des mines. Elle a son complément logique dans le développement de la sidérurgie et des constructions mécaniques.

    En 1967, le budget d’équipement pour l’industrie lourde a été augmenté de 1,204 million de dinars. En 1968, il passe à 2,425 millions de dinars en prévisions réelles d’investissements, dont 1 486 en autorisations nettes, auxquels s’ajoutent 939 millions de dinars représentant les investissements directs des sociétés nationales, notamment la Sonatrach. Le volume total d’investissements prévus pour l’ensemble du plan triennal devant atteindre [34] 5 400 millions de dinars ainsi répartis :

    2,710 millions de dinars pour les hydrocarbures ;

    1 200 millions de dinars pour la sidérurgie ;

    1,005 million de dinars pour les industries de transformation ;

    180 millions de dinars pour le secteur minier ;

    260 millions de dinars pour l’énergie électrique.

    En ce qui concerne le secteur-clé de la sidérurgie, c’est la réalisation du complexe d’Annaba qui constitue l’élément primordial. La Société nationale de sidérurgie (SNS) prévoit pour novembre 1968 la mise à feu du haut-fourneau qui aura une capacité totale de l’ordre de 400 000 tonnes. L’aciérie doit pouvoir fonctionner à la fin de 1969 et les laminoirs en 1970.

    En matière d’industrie de transformation, le plan prévoit un effort sur l’industrie mécanique (complexe de Constantine) et alimentaire. Jusqu’à présent les investissements dans ce secteur ont été faibles malgré la priorité qui lui avait été donnée au lendemain de l’indépendance. Aussi a-t-il été prévu que les sociétés nationales et les entreprises majeures seraient chargées de leurs propres investissements ou agiraient comme opérateurs pour le compte d’un projet.

    À toutes ces prévisions du plan, il faut ajouter la création de la cimenterie de l’Est qui doit se faire dans les deux ans. Elle aura une capacité de 500 000 tonnes par an et satisfera ainsi à une bonne partie des besoins nationaux.

    Ainsi, comme le constate un article du journal El Moudjahid (11 janvier 1968) analysant le budget de 1968 : « La nouvelle orientation doit permettre dès 1975 la satisfaction de l’ensemble des besoins du pays en produits stratégiques, l’accumulation grâce aux hydrocarbures et l’arrêt des importations dans certains domaines. »

    L’agriculture

    Comme nous l’avons déjà noté, l’Algérie est un pays essentiellement agricole. 80 % de sa population vit de la terre. Mais ce déséquilibre profond dans un pays riche en potentialités industrielles s’aggrave de la prédominance d’une culture, la vigne, imposée par la colonisation et dont le principal débouché est la France. Il faut savoir que la production viticole, dans ce pays musulman où l’on ne boit pas de vin, représente plus d’un tiers de la valeur des productions végétales et constitue la moitié de ses exportations agricoles. À long terme la transformation d’une partie des vignobles en cultures céréalières, maraîchères ou fruitières s’impose inéluctablement, mais il est évident que cette reconversion ne pourra se faire que par étapes.

    Les terres cultivées couvrent environ 8 à 10 millions d’hectares du sol algérien. Sur ce total, deux millions et demi d’hectares appartiennent au secteur socialiste autogéré qui comprend pour l’essentiel les exploitations des anciens colons, c’est-à-dire les plus productives et bénéficiant d’une mécanisation poussée.

    Le secteur privé dit traditionnel, sauf rares exceptions, ne bénéficie pas de ces atouts. Son étendue est trois fois plus vaste, mais il s’agit de terres morcelées (10 ha en moyenne par exploitant), pauvres, non irriguées et sur lesquelles vivent près de 7 millions de personnes. Le gouvernement vient en [35] aide aux fellahs en leur accordant des prêts destinés à moderniser leurs exploitations (130 millions de DA en 1967), mais il préconise la formation de coopératives qui seules peuvent permettre l’épanouissement des forces productives. C’est aux communes, maintenant organisées, que reviendra en grande partie la tâche de favoriser la création et la généralisation des coopératives en se faisant l’instrument d’éducation des fellahs. Le but du gouvernement est en effet non seulement d’accroître la productivité de ce secteur, et par voie de conséquence, le niveau de vie des fellahs eux-mêmes, mais aussi de mettre en place des structures de type socialiste au sein même du secteur traditionnel.

    Des problèmes difficiles ont dû être résolus dans les domaines de l’organisation des structures et de la production au niveau des exploitations des deux secteurs. En voici quelques exemples.

    En ce qui concerne les labours et semailles, des campagnes d’intérêt national ont été développées. Depuis 1964 une commission permanente coordonne les efforts, améliore le système d’information et veille à ce que les travaux soient faits à temps. Malgré de nombreuses difficultés (par exemple, manque d’animaux de trait pour les petites parcelles), les objectifs des deux dernières campagnes ont été atteints ou même légèrement dépassés. Les surfaces emblavées sont passées de 2 952 000 à 3 084 000 ha de 1964-1965 à 1966-1967.

    La reconversion de la vigne doit porter sur 100 000 à 150 000 ha sur les 340 000 que comporte actuellement le vignoble algérien. Sur un tiers environ des zones à reconvertir, les vignes ont été arrachées pour faire place à des pépinières, à des agrumes, à des assolements de cultures fourragères. Sur les terres à vocation viticole, la plantation de vignes pour le raisin de table et les raisins secs permettra une diversification de la production.

    En arboriculture l’on assure le développement de l’oléiculture et de l’agrumiculture dont la production est exportée à 50 %, et celui des arbres à pépins et à noyaux qui occupent une place insuffisante par rapport aux besoins de la population algérienne. La constitution de pépinières de plans de qualité doit permettre dès 1970 la réalisation d’un grand programme du développement arboricole.

    Le plan triennal prévoit également le développement de la céréaliculture, du maraîchage, des cultures industrielles, soit par l’extension des surfaces cultivées, soit par l’introduction de nouvelles variétés, soit encore par l’expérimentation en grande culture.


    Le cheptel ovin est tombé de 6 millions de têtes en 1952-53 à 3 millions de têtes après l’indépendance. Sa reconstitution fait l’objet d’importantes mesures : vaccinations à grande échelle, importation d’animaux d’élevage, ouverture de pâturages forestiers mis à la disposition des éleveurs des régions affectées par la sécheresse et vente d’importantes quantités d’orge à prix réduit. Mais pour accroître la capacité du pays dans ce domaine --- ce qui est le problème essentiel --- le gouvernement a décidé la mise en œuvre d’une politique énergique comportant entre autres mesures : la défense et la restauration des zones menacées et la mise en valeur fourragère des pâturages steppiques.

    Le but est d’élever le niveau de vie des pasteurs par l’augmentation de la rentabilité du troupeau, par une sédentarisation des nomades et par une meilleure utilisation des ressources steppiques.


    La défense et la restauration des sols exigent un effort gigantesque sur une surface estimée à plus de 2 000 000 d’hectares. Les campagnes de reboisement sont l’œuvre du service des Forêts et de la DRS (Défense et restauration des sols), des chantiers populaires de reboisement, et font appel de plus en plus au volontariat. Plusieurs dizaines de milliers d’hectares ont ainsi retrouvé une couverture végétale qui doit les sauver de l’érosion.

    Dans le domaine de l’irrigation, l’Algérie nouvelle a d’importantes réalisations à son actif (8 000 ha à Bou Namoussa, 4 000 à Maghnia, en grande hydraulique) et d’autres plus modestes telles que la construction de barrages collinaires et de forages qui permettent d’irriguer et d’alimenter en eau certaines régions du sud du pays. Ces réalisations ne sont d’ailleurs que les premières étapes d’un programme orienté par une nouvelle politique de l’eau, qui tient davantage compte des besoins de la population.

    Enfin, il faut signaler les mesures prises ou projetées pour reconstituer le parc de matériel agricole qui se trouvait hors d’état au moment de l’indépendance. D’une part l’installation d’un réseau d’ateliers des Unions de Matériel agricole sur tout le territoire, déjà pratiquement achevée, va permettre à l’Algérie de disposer d’un potentiel de réparation capable de faire face aux besoins de l’agriculture. D’autre part d’importants achats déjà effectués ou prévus par le plan triennal vont considérablement moderniser le parc. Ces machines neuves seront affectées aux comités de gestion pour leur permettre d’atteindre les objectifs de production proposés par le plan. Une partie d’entre elles constituera un « parc d’intervention » coopératif dont les promoteurs espèrent qu’il sera le fer de lance de la renaissance de l’agriculture algérienne.

    L’autogestion et la réforme agraire

    La Charte de Tripoli ouvrait la voie de la première étape de la Réforme agraire, à savoir la liquidation des bases économiques de la colonisation agraire. Cette étape a été accomplie dès 1963 avec la récupération des terres auparavant occupées par les colons et leur exploitation en autogestion. Cette dernière s’est heurtée aux difficultés inhérentes au manque de cadres et a souffert d’une conception trop centralisatrice de son organisation sur le plan national. En s’attachant à former des cadres techniciens de l’agriculture, en organisant des stages d’initiation à la comptabilité et à la gestion d’entreprise pour les responsables des comités de gestion, en favorisant l’octroi de crédits, le gouvernement donne à l’autogestion les moyens de la réussite, mais il lui a fallu aussi la libérer, surtout en matière de crédit, d’une tutelle trop étroite et de sujétions qui entravaient tout esprit d’initiative. Ces mesures semblent avoir porté leurs fruits puisqu’en 1968, la plupart des entreprises autogérées ont été bénéficiaires et qu’une répartition des bénéfices entre les producteurs a pu avoir lieu.

    Approfondissant la révolution, la Charte d’Alger précisait que la réforme agraire devait conduire à l’abolition de la grande propriété foncière. C’est dans cette deuxième phase que se sont engagés les dirigeants algériens en se gardant de [36] toute précipitation. Voici comment Kaïd Ahmed, alors ministre du Plan et des Finances, définissait le 12 juillet 1967, les perspectives du gouvernement en cette matière :

    « La réforme agraire est conçue au premier chef à l’avantage des petits et moyens fellahs dont les exploitations ne feront l’objet, ni d’expropriation, ni d’aucune mesure arbitraire ; bien au contraire, ces fellahs bénéficieront de larges facilités pour l’utilisation des moyens mis à leur disposition dans des ensembles organisés. »

    « La réforme agraire ne se limitera pas à une juste et naturelle limitation des grandes propriétés répondant à certains critères adaptés à leur localisation, à leur superficie, à la nature des sols, aux revenus et à d’autres éléments objectifs d’appréciation concernant notamment les composantes humaines des agents économiques, la spécificité de la famille algérienne.

    « Elle suppose un remembrement autour des centres d’entraide des fellahs et des coopératives multifonctionnelles des petites parcelles dont l’exiguïté ne permet pas une exploitation rationnelle et rentable selon les normes d’une économie moderne. »

    Ces directives sont à la base des mesures d’aide au secteur traditionnel, évoquées plus haut. Si celles-ci ont précédé dans le temps les mesures de limitation des grandes propriétés et la répartition des terres ainsi devenues libres, c’est que ces opérations posent des problèmes à la fois économiques (morcellement en particulier) et politiques.

    Les solutions de ces problèmes sont étroitement liées au développement industriel du pays, car seule l’industrialisation permettra d’assurer du travail aux masses paysannes.

    L’indépendance financière

    Dans un discours aux cadres, le 5 janvier 1968, le Président Boumediene déclarait : « Après deux années et demie d’efforts, nous avons atteint une situation financière qui garantit à notre pays une indépendance dans ce domaine sans laquelle l’indépendance est irrémédiablement compromise… Pour la première fois, le trésor algérien dispose d’une réserve de 400 millions de dollars. Il a été possible à l’Algérie de convertir 150 millions de dollars en or, ce qui ne manquera pas de consolider notre monnaie, raffermir la confiance en notre pays et renforcer l’indépendance la plus complète de sa politique, tant sur le plan intérieur que sur le plan extérieur, au-dessus des pressions extérieures…

    « Notre pays édifie ainsi des usines grâce à ses finances propres. Le développement de son économie est basée sur ses possibilités. Je puis vous affirmer que 94 % du budget de développement provient du revenu national. Je n’ai pas besoin de rappeler que peu d’États du tiers monde peuvent se prévaloir d’un budget alimenté uniquement par les ressources nationales. »

    Ainsi, le souci majeur du gouvernement est d’asseoir l’indépendance politique et le développement économique sur une indépendance financière de plus en plus affirmée.

    Cette fermeté a été payante. C’est ainsi que, dans le secteur pétrolier, la décision de limiter l’aide étrangère au seul plan technique a permis, de 1965 à 1967, un doublement du revenu annuel qui est passé de 500 millions à 1 milliard de dinars. Cette augmentation, disait le président Boumediene dans le discours cité plus haut, « a pu être réalisée malgré les dépenses occasionnées par le financement de l’installation de nouveaux pipe-lines, de la construction d’usines, des opérations de prospection, des traitements alloués aux techniciens. Concernant ces techniciens, nous avons préféré les appeler nous-mêmes de l’extérieur, pour ne pas abandonner nos ressources aux mains étrangères et afin que ne s’établisse pas en notre pays, une sorte d’État dans l’État, un État pétrolier se suffisant à lui-même tel que cela existe ailleurs. »

    L’affirmation qu’il est indispensable de compter avant tout sur ses propres forces est un principe constant du gouvernement algérien. Il implique la nécessité pour l’État de consacrer une énorme part des recettes budgétaires aux investissements sans pour autant mettre en péril l’équilibre du budget. Les efforts en ce sens ont commencé à porter leurs fruits. Commémorant le déclenchement de la Révolution, le président Boumediene disait à ce sujet, le 2 novembre 1967 : « … L’équilibre du budget a été réalisé pour la première fois depuis l’indépendance, respectant l’obligation que nous nous sommes assignée de mettre un terme à la dégradation de nos finances… Cependant, l’assainissement des [37] finances et l’amélioration de la gestion financière et économique ne constituent pas des buts en soi, mais des moyens propres à accroître la production et à dégager des crédits nouveaux. Ces crédits seront utilisés notamment dans la résorption du chômage et dans la lutte contre la pression des monopoles.

    » C’est ainsi que le gouvernement a décidé de placer sous le contrôle de l’État les secteurs-clés du crédit et de l’assurance et toutes les opérations monétaires dans le but d’accroître ses ressources en vue de les investir dans de grands projets. »

    La concentration dans les mains de l’État du pouvoir de contrôle et de décision en matière de crédit s’est accompagnée de la mise en place d’organismes financiers qui permettent que l’activité nationale ne se réduise pas aux seuls projets financés par l’État. Ces organismes mettent à la disposition des communes, des coopératives, des secteurs socialistes agricole et industriel les moyens financiers leur permettant de réaliser leurs programmes d’équipement.

    Par ailleurs, un Code des investissements (ordonnance du 15 septembre 1966) délimite le cadre dans lequel est organisée l’intervention du capital privé dans les diverses branches d’activité économique, l’État se réservant les branches vitales pour l’économie nationale. Le but de ce code est de permettre l’accroissement indispensable des capacités productives que les seuls moyens financiers de l’État et du secteur socialiste sont dans l’impossibilité d’assumer pour l’instant.

    L’octroi d’avantages et de garanties au capital privé dans certains secteurs de l’industrie et du tourisme doit lui permettre de jouer un rôle complémentaire avec obligation pour les investisseurs privés de se conformer aux dispositions du Code et aux conditions imposées par les commissions chargées d’examiner les projets d’investissements. Ceux-ci sont agréés dans la mesure où ils respectent les priorités régionales et s’intègrent dans les perspectives du Plan. En aucun cas, la création et l’exploitation d’entreprises privées ne doivent déborder du cadre étroit défini et contrôlé par l’État.

    L’ensemble des mesures que nous venons d’évoquer brièvement témoigne du souci des responsables algériens de mettre en œuvre tous les moyens financiers disponibles pour un développement maximum des capacités de production du pays. Le problème le plus crucial est en effet l’existence de deux millions de chômeurs qui, loin de résulter comme dans les pays capitalistes, de la suppression volontaire d’emplois, s’explique au contraire par le faible nombre des emplois existants, héritage de la période coloniale.

    Mais pour résoudre ce problème difficile, l’Algérie socialiste et indépendante n’a d’autre choix que celui d’une économie planifiée. C’est la voie dans laquelle elle s’est engagée.

    La planification

    Rejetant la démagogie comme moyen de s’attacher les masses, les dirigeants du Conseil de la Révolution ont toujours insisté sur les efforts qu’exigera « le décollage » de l’économie algérienne de son état actuel de sous-développement. Kaïd Ahmed qui fut pendant deux ans et demi ministre des Finances et du Plan s’est toujours attaché dans ses nombreux discours, dans ses entretiens avec les militants et les journalistes algériens, à dire la vérité sur la réalité et les perspectives immédiates de l’économie algérienne, mais aussi à entraîner les masses dans la réalisation d’objectifs conformes aux possibilités nationales. C’est ainsi que, traitant des conditions de la planification, il déclarait dans l’hebdomadaire Révolution africaine (n° 159, février 1966) : « Le socialisme qui, dès sa naissance, veut atteindre ses objectifs, c’est-à-dire sa finalité, est une vue de l’esprit. Le dire pour se nourrir d’illusions et l’affirmer pour tromper le monde est une escroquerie. Penser le réaliser par des décisions improvisées, c’est ruiner le pays… Le socialisme obéit aux lois démographiques, aux contextes économiques du dedans et du dehors, aux possibilités organiques, au niveau technique du pays et non à son élite. Son succès ne dépend ni de baguette magique, ni de miracle…

    « Le développement sera rendu difficile par la confusion qu’entretiennent ceux qui présentent l’option en tant que fin en soi, la vidant de contenu, et non comme désignant un but à atteindre au cours des décades et des temps.

    « Dans le cas de l’Algérie telle qu’elle est, il s’agit d’adapter notre socialisme à nos réalités propres. Il ne s’agit ni d’accepter béatement toutes les idées professées, logiques et conformes ailleurs et non ici, ni de rejeter systémiquement celles adaptables et propres à favoriser notre effort. »

    Ce sens des réalités joint à la volonté non seulement de préserver, mais d’affirmer la personnalité algérienne incarnée surtout dans le peuple, définit le cadre, les moyens et les objectifs de la planification.

    Les travaux préparatoires à l’élaboration du plan ont réellement démarré avec le recensement de 1966. Un service du Plan et des Études économiques, sur la base de tous les renseignements recueillis, s’attacha alors à définir les perspectives à long terme --- la période de sept ans a été retenue --- tout en mettant sur pied un programme immédiat, le plan triennal, couvrant les années 1967, 68, 69. Dans le même temps, l’Algérie se dotait des institutions, des structures, en un mot de toute l’organisation apte à exécuter un plan rationnel. Cependant, les responsables algériens ne cachent pas que la planification aura besoin d’une période de rodage et ils ne prétendent pas qu’elle portera des fruits immédiats. C’est ainsi que le directeur du Service du Plan et des Études économiques déclarait dans Révolution africaine (n° 209, février 1967) : « … Sur le plan technique, toutes les conditions permettant de construire un modèle de développement à long terme très détaillé et très précis n’existaient pas encore. Cela ne veut pas dire qu’il fallait pour autant attendre que toutes ces conditions… soient réunies pour entreprendre l’élaboration d’un plan. C’eût été prendre le risque de reculer indéfiniment l’entreprise de planification et ce d’autant qu’un des projets même d’un plan doit être le progrès dans la maîtrise de ses moyens d’élaboration. C’est dire que le premier plan doit viser à mettre en place et tester les mécanismes et circuits nécessaires à son élaboration. »

    D’une manière plus imagée, le professeur Bobrowsky, économiste polonais qui apporta son concours aux planificateurs algériens [38] disait : « En posant les tâches pour lesquelles on manque aujourd’hui d’instruments, on provoque la création de ces instruments. C’est en forgeant qu’on devient forgeron. Cela s’applique encore plus à la planification. » (El Moudjahid, 28-29 janvier 1968)

    Cela revient à dire que les premiers pas de l’Algérie dans le processus difficile qu’est la planification ne peuvent se conformer à une ligne idéale, ni éviter de se heurter à maints obstacles de tous ordres. C’est ainsi que malgré le réalisme et la modestie des objectifs du plan triennal, celui-ci doit subir des corrections en cours de route.

    La Commission du Plan du Parti, dans un rapport politique sur les perspectives septennales et le plan triennal (décembre 1967), critiquait, entre autres choses, le manque de liaison entre l’agriculture et l’industrie. Ce document réaffirmait aussi la nécessité de se conformer aux grands principes suivants :

    — construction d’une économie nationale moderne ;

    — collectivisation des grands moyens de production ;

    — réalisation d’une démocratie économique et sociale ;

    — planification rationnelle intégrale et harmonieuse tenant compte des réalités algériennes.

    Il soulignait en même temps que la réalisation de ces objectifs suppose non seulement une vision technique, mais aussi une élaboration du Plan sous l’angle politique. Le rôle du Parti est en effet, en la matière, de veiller à ce que l’optique technocratique ne détourne pas l’œuvre de la planification de la voie tracée par la lutte révolutionnaire du peuple algérien. Cette œuvre implique en effet l’adhésion des masses populaires. Il faut donc que soient conciliées la nécessité d’investissements importants pour l’équipement industriel et la nécessité de satisfaire les besoins les plus immédiats des couches défavorisées.

    La réalisation de ce premier plan a commencé avec l’accroissement des dépenses budgétaires en investissements productifs que nous avons indiqués plus haut, avec l’organisation de l’aide aux petits et moyens fellahs, au secteur socialiste, avec la législation relative aux investissements privés, avec les nationalisations intervenues dans le secteur bancaire, commercial, industriel (une cinquantaine d’entreprises ont été nationalisées en mai et juin 1968), avec bien d’autres mesures que le cadre de cette étude ne nous permet pas de citer.

    Il reste beaucoup à faire et il faudra beaucoup de temps à l’économie algérienne pour effacer les séquelles du régime colonial. Lors d’une interview à Révolution africaine (n° 258, janvier 1968) qui mériterait d’être plus largement citée, le professeur Bobrowsky disait au sujet des perspectives septennales : « Pour ce qui est des étapes, je dirais qu’elles ne sont en réalité qu’une simplification intellectuelle. Simplification utile et inévitable cependant, pour présenter ses idées. Il y a un passage graduel de l’une à l’autre. Pour simplifier les choses, je dirais que la projection septennale nous mène de la première phase au seuil de la deuxième… En fait la vraie deuxième étape commence après le septennat.

    » Elle doit aboutir vers les 8^e^, 9^e^ ou 10^e^ année à renverser la tendance en matière de l’emploi. Il s’agit de créer annuellement un nombre de postes de travail égal ou supérieur à l’accroissement annuel de la population masculine en âge de travailler ». Il ajoutait, après avoir évoqué le « déséquilibre poignant » que constituent d’un côté l’excédent d’un demi-million de veuves, et d’un autre côté l’excédent d’un demi-million de célibataires : « Le vrai problème de l’influence des femmes sur le marché du travail sera le résultat de la scolarisation ; le changement qualitatif se fera dans dix ou quinze ans. En attendant, on peut dire aujourd’hui que 80 000 postes dans huit ans et 100 000 postes dans dix ans suffiront à renverser les tendances.

    « C’est dans la deuxième étape qu’on pourra plus facilement créer les 120 000 postes, niveau nécessaire pour répondre à la croissance démographique et aux besoins du pays ».

    Ainsi, comme le reconnaissent les dirigeants révolutionnaires algériens et leurs amis des pays socialistes qui vivent depuis longtemps l’expérience de la planification socialiste, la planification n’aura pas en Algérie de résultat spectaculaire immédiat, notamment en ce qui concerne l’emploi. Mais, seule pourtant, elle est capable de jouer le rôle moteur, le rôle d’entraînement de l’économie algérienne en organisant des liaisons à tous les niveaux entre les diverses branches et les secteurs économiques et en libérant toutes les énergies révolutionnaires du peuple.

    Il faudrait être aveugle ou de mauvaise foi pour ne pas voir l’immensité du travail déjà accompli et les efforts déployés pour que cette grande œuvre bénéficie d’abord à ceux qui en ont le plus besoin. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir qu’en dépit des difficultés de tous ordres, l’Algérie est en train d’accomplir sa révolution économique.