Sommaire de la brochure
Armée nationale populaire, base décisive de la révolution
L’Armée de Libération nationale (ALN) d’Algérie a été formée par des militants d’avant-garde, issus du peuple, qui ont pris les armes quand la nécessité s’est imposée à eux de continuer sous cette forme le combat politique qu’ils menaient pour arracher l’indépendance de leur patrie.
« De toutes les composantes du pays, la paysannerie pauvre des montagnes, expression la plus claire de l’expropriation des Algériens, a été celle dont le rôle s’est avéré le plus décisif dans la guerre de libération nationale. C’est grâce à elle surtout que se sont développées les guérillas » (Charte d’Alger1, p. 22).
Mais rapidement, la lutte armée a rallié ouvriers et paysans, parce que « dans son unanimité, le peuple algérien avait ressenti que la lutte était placée sur le bon terrain » (Charte d’Alger, p. 21). C’est tout le peuple algérien qui peu à peu a donc mené la guerre.
« C’est en effet du peuple que nos combattants tiraient l’essentiel de leurs moyens, le recrutement, le ravitaillement, le renseignement, le refuge, les moyens financiers, la diffusion du matériel de propagande, la liaison. Autrement dit, le mouvement insurrectionnel révolutionnaire enfonçait ses racines profondément parmi l’ensemble des Algériens ». (id., p. 93)
Le premier caractère de la guerre de libération a donc été l’engagement massif du peuple autour de son avant-garde, dans une collaboration de tous les instants.
Il a entraîné la première des conquêtes les plus importantes du peuple algérien, en plus de l’indépendance : son unité profonde, l’unité de son ALN, l’unité de l’ALN et du peuple.
Des mots d’ordre révolutionnaires élaborés en commun
Chaque jour de cette lutte sans merci, les combattants algériens dans les maquis, dans les villages ou dans les villes ont imaginé ce que devrait être cette Algérie indépendante pour laquelle ils se battaient au mépris de la mort.
« Les slogans révolutionnaires qui font force de loi aujourd’hui, dans la vie réelle, ont été ceux des militants révolutionnaires, ouvriers, paysans et autres --- qui avaient eu le courage de prendre les armes pour traduire dans la réalité leurs aspirations profondes. C’est dans les maquis, dans les prisons que les premiers mots d’ordre --- la terre à ceux qui la travaillent, lutte contre l’analphabétisme, les usines aux ouvriers, etc. --- qui font loi aujourd’hui dans le pays, ont trouvé leur naissance et toute leur signification… » (El Djeich2 n° 28, juillet 1965)
L’élaboration des mots d’ordre qui sont aujourd’hui à la base de la construction du socialisme en Algérie fut la deuxième conquête irréversible de la guerre de libération nationale.
Formation des structures et d’un effectif de militants révolutionnaires
La supériorité en nombre et en armement et la férocité de l’armée colonialiste française n’ont pas empêché que la lutte du peuple algérien et de son ALN se renforce et gagne en ampleur. Grâce à leur combativité, leur esprit d’initiative, leur efficacité, les djounoud ont trouvé une réponse à chaque problème, et chaque fois ont trouvé les moyens de porter la lutte à un niveau plus élevé.
« … La révolution puisait dans le peuple sa capacité et sa volonté de se développer, de s’enrichir de se perpétuer… Aussi a-t-on vu, en pleine guerre, l’application sur le terrain de méthodes révolutionnaires d’administration, de gestion, d’organisation portant sur les domaines de la vie du groupe, de la commune et de l’individu. » (El Djeich, juillet 1965)
Des militants qui ont commencé la lutte armée, nombreux sont ceux qui sont morts au combat. Mais s’ils n’étaient que quelques centaines au plus le 1^er ^novembre 1954, 300 000 ont connu le maquis. Tant dans les campagnes que dans les villes, la guerre de libération nationale a formé un puissant effectif de militants révolutionnaires dont les survivants sont aujourd’hui la richesse de l’ANP et du FLN.
En conclusion, dans sa lutte opiniâtre pour l’indépendance, le peuple algérien a forgé : [44]
— son unité profonde, l’unité de l’ALN, l’unité de l’ALN et du peuple ;
— des mots d’ordre révolutionnaires ;
— des structures, une masse de cadres locaux et régionaux, un « effectif révolutionnaire »,
qui sont autant de conquêtes irréversibles. Elles lui permettront de remporter la victoire et d’imposer ensuite le développement de la Révolution.
L’ANP, née de l’ALN, est donc une armée du peuple parce qu’elle est issue du peuple et qu’elle s’est forgée par la solidarité dans l’action de tout un peuple qui combattait pour l’indépendance du pays.
L’ALN et son état-major, avant-garde révolutionnaire
Au moment du déclenchement de la lutte armée, le 1^er^ novembre 1954, le FLN, constitué pour dépasser les anciens partis, regroupe différents courants. Tous voulaient l’indépendance, mais ils ne lui donnaient pas tous le même contenu, la même portée, tous n’avaient pas la même confiance dans l’effort créateur du peuple, dans sa volonté de lutte.
Le Congrès de la Soummam réuni en 1956 avait doté le FNL-ALN d’une direction, le Comité d’exécution et de coordination (CCE), et d’une instance supérieure, le Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA).
D’après la Charte d’Alger, les aspects positifs de ce Congrès « première tentative d’une conception cohérente de la révolution », sont restés sans suite, car :
— étant donné l’absence de référence aux forces sociales qui déterminent le caractère de la Révolution, on assiste au retour sur la scène de dirigeants qui ne croient pas à l’efficacité de la lutte armée et qui vont être chargés de la diriger ;
— avec la sortie du CCE à l’extérieur, à la suite de la bataille d’Alger, son élargissement et la création du GPRA, avec lequel il se confondra, « cet appareil va croître en importance et en pouvoir indépendamment de la lutte armée et des problèmes politico-militaires qu’elle posait. »
Enfin, toujours d’après la Charte d’Alger « la structure de la direction favorisait politiquement les éléments sensibles à la pression et aux manœuvres de l’ennemi ».
Mais le renforcement constant de l’ALN et de la lutte armée se sont aussi répercutés au sommet et ont permis aux dirigeants révolutionnaires, bien que minoritaires à ce niveau, d’imposer des mesures concrètes sur le plan organisationnel :
— 1957. Malgré les barrages électrifiés, les unités parviennent à se regrouper et imposent à la direction la création d’un état-major général.
— OCTOBRE 1958. Réunion à l’intérieur des chefs de willayas qui reposent le problème de la direction et de son orientation.
— 1959. Réunion des dirigeants politico-militaires à l’extérieur et création d’une direction unique pour les forces de l’ALN stationnées aux frontières.
La Charte d’Alger (p. 30) commente ainsi ces mesures : « l’apparition d’un interlocuteur face au GPRA va permettre de poser de nouveau tous les problèmes de la Révolution et de dépasser le cadre initial de l’opposition de l’état-major à la politique du GPRA ».
C’est toujours grâce à l’action des combattants de l’ALN et du peuple que les dirigeants révolutionnaires ont pu imposer, à la veille du cessez-le-feu, malgré l’opposition et les manœuvres d’un courant contre-révolutionnaire, la réunion à Tripoli du CNRA, l’adoption d’un programme politique au contenu socialiste, fermant k porte aux solutions néocolonialistes, la désignation d’une direction : le Bureau politique.
Conquêtes décisives pour l’avenir politique de l’Algérie.
L’ANP et les crises politiques
À la veille du cessez-le-feu, la crise était donc ouverte. Le président Boumediene la définit ainsi, dans sa déclaration du 4 avril 1968, au journal Le Monde :
« Le FNL en tant que front ayant réuni pendant la guerre tous les éléments, de la gauche à la droite, a connu son aboutissement normal après le cessez-le-feu, c’est-à-dire l’éclatement. Dès lors que le premier objectif, l’indépendance, était atteint, et qu’un nouvel objectif, la révolution, était défini, les luttes étaient inévitables. Il fallait donc casser le FLN en 1962 ».
— JUILLET 1962. Grâce à l’appui de l’ALN et de son état-major (état-major que Ben-Kedda a honteusement osé destituer), le BP désigné au CNRA de Tripoli peut prendre en main la direction du pays.
Seule force structurée du nouvel État, avant-garde du peuple, armée de militants constituant pratiquement le FLN à l’intérieur, l’ALN avait un rôle décisif à jouer. À chaque étape de la crise, son intervention nette et mesurée a imposé les solutions conformes aux intérêts de la Révolution.
— SEPTEMBRE 1962. Toutefois, selon les termes mêmes de la Charte d’Alger (p. 31) : « Les conditions dans lesquelles s’est déroulée la crise n’ont pas permis une décantation claire entre les forces révolutionnaires et les forces obscures » et, en septembre 1962, certains dirigeants, adversaires en fait des objectifs révolutionnaires du Programme de Tripoli, notamment Boudiaf et B. Krim, signataires des Accords d’Évian, remettent en cause l’autorité du Bureau politique.
Ils obtiennent l’appui’ de la Fédération de France et des chefs des willayas III (Alger) et IV (Kabylie).
La possibilité de cette division prouve que la paysannerie dépossédée des terres qui appuyait les willayas I, II, V et VI constituait un facteur révolutionnaire plus radical que le prolétariat d’Alger, celui qui travaillait en France ou même les paysans de Kabylie, dans leur majorité moins appauvris que leurs frères des autres régions d’Algérie.
Ces dirigeants traîtres, agitant comme un épouvantail la transformation de l’ALN en ANP avaient cherché appui chez les recrues de la dernière heure, particulièrement nombreuses dans la willaya III et auprès de certains officiers de la même willaya, jaloux de leur autorité régionaliste.
Mais le fait que l’ANP ait pu entrer dans Alger sans combat, permettant ainsi au Bureau politique d’y installer le pouvoir central prouve que les djounoud des willayas III et IV étaient bien plus proches en définitive, de leurs frères que des aventuriers qui ont pu les abuser un instant.
— OCTOBRE 1963. Cette fois la contre-révolution, avec Aït-Ahmed, tente de trouver une assise territoriale en Kabylie, cependant que la royauté marocaine attaque l’Algérie dans la région de Tindouf. Une nouvelle fois la tentative d’exploiter le régionalisme kabyle fait long feu et le maquis est rapidement dissous. La mobilisation du peuple algérien autour du gouvernement et de l’ANP [45] est d’une telle ampleur que Hassan II doit bientôt accepter à Bamako un accord dans le cadre de l’OUA (Organisation de l’Unité africaine).
— 19 JUIN 1965. L’ANP unanime et son état-major jouent un rôle décisif dans l’élimination du gouvernement Ben Bella qui entraînait l’Algérie dans le désordre, la bureaucratisation et la personnalisation du pouvoir.
— DÉCEMBRE 1967. La tentative de coup de force du chef d’état-major Tahar Zbiri, de certains officiers et ministres, tel Zerdani, est rapidement brisée par l’essentiel de l’armée et du gouvernement algérien.
La caractéristique essentielle de ces crises politiques est que toujours l’ALN puis l’ANP interviendront avec fermeté et mesure pour imposer de la manière la plus économique possible, les solutions conformes aux intérêts de la Révolution.
L’ANP base décisive de la révolution
L’indépendance acquise, la révolution continue. Dans sa nouvelle phase, celle de la construction du socialisme, l’armée se trouve face à des tâches nouvelles.
Il faut à la fois :
— être prêt à annihiler les tentatives possibles de sabotages, de troubles, des ennemis de l’intérieur ;
— se préparer à faire face à une guerre d’agression, d’un caractère tout à fait différent de la guerre de libération nationale ;
— participer à l’édification socialiste du pays.
Il était donc nécessaire en 1962 de passer à une nouvelle étape de l’édification de l’armée : c’est-à-dire transformer l’ALN, armée de combattants révolutionnaires d’élite, mais uniquement organisés et armés pour la guerre de guérilla, en une forte armée régulière moderne, avec toutes ses composantes.
À des rythmes variables, cette édification s’est poursuivie avec l’aide des pays socialistes. Elle s’est encore renforcée en 1967 après l’agression israélienne contre la nation arabe et l’accentuation générale de la menace impérialiste dans le bassin méditerranéen.
Aussi, l’ANP possède-t-elle maintenant une aviation, une marine, une artillerie et des formations blindées que les pays socialistes d’Europe l’ont aidée à acquérir. Ces armes fondamentales sont complétées par toutes les unités des armées modernes, unités qui vont des commandos au génie en passant par les transmissions qui sont parmi les meilleures des pays nouvellement indépendants.
Mais la maîtrise des armes et du matériel moderne exige, en plus d’un entraînement sévère et soutenu, une solide formation théorique et technique. À cet effet, ainsi que pour l’enseignement stratégique et tactique, le gouvernement algérien a créé au moins une école par arme.
À l’École d’artillerie par exemple, de nombreux élèves qui n’ont comme niveau de culture qu’à peine le certificat d’études s’initient à la topographie, à l’optique, à la balistique, etc. Ces conditions posent dans chaque école des problèmes qui seraient insurmontables pour une armée bourgeoise. Mais, grâce à la volonté de toujours mieux défendre la patrie socialiste, maîtres et élèves renversent les normes pédagogiques établies. De plus, des spécialistes, des officiers font des stages dans les pays socialistes, notamment l’URSS (d’où viennent aussi des instructeurs), pour y recevoir une formation complémentaire.
Le peuple en arme
« Il faut que chacun s’initie à l’utilisation des armes, car une révolution doit être obligatoirement défendue et protégée par les masses populaires… Cette initiation ne doit pas être le privilège des hommes. Elle doit être étendue à toutes nos femmes et nos filles.
Les écoles militaires des différentes armes seront désormais ouvertes pour tous. »
Ainsi s’exprimait le président Boumediene dans son discours du 19 juin 1967.
Notons au passage la confiance dans le peuple, l’unité entre lui et son gouvernement que suppose l’ouverture de toutes les écoles militaires à tous.
En plus de la préservation permanente des acquis de la révolution, cette préparation militaire généralisée et la formation d’unités locales et régionales doublant les unités régulières répondent à deux nécessités :
1) Riposter sur le champ à toute attaque de l’ennemi en quelque partie du territoire que ce soit (bombardement, parachutage, débarquement, etc.) ;
2) Constituer une armée de réserve inépuisable pour renforcer à tout moment l’armée régulière et approvisionner le front.
L’exemple du peuple vietnamien prouve en effet qu’une guerre moderne est une épreuve où doivent être nécessairement engagées toutes les forces matérielles et morales de la nation.
Ces deux impératifs soulignent l’importance du service militaire obligatoire annoncé en décembre 1967.
Cet engagement permanent de tout le peuple aux côtés de son armée est aussi essentiel au point de vue politique pour le maintien et le renforcement de l’unité entre l’armée et le peuple.
Centralisation et discipline
Dès l’indépendance, à partir du moment où le problème ne fut plus de harceler l’ennemi sur tout le territoire occupé, mais de défendre ce territoire progressivement de toute occupation étrangère, l’unification et la centralisation totale du commandement s’imposaient. Ce furent les premières mesures de transformation de l’ALN.
La valeur révolutionnaire des djounoud issus de l’ALN, leur entraînement, leur maîtrise technique et tactique des armes et du matériel ne peuvent suffire à donner leur pleine efficacité à l’ANP et au peuple en armes. Elle demande une coordination constante, étroite et rapide entre les différentes armes et secteurs, la planification et la centralisation rigoureuse de l’élaboration et du commandement. Tout ceci exige un régime et un règlement unifié, une discipline sans faille.
Pour être effective, cette discipline doit être librement consentie, ce qui pose encore une fois le problème de la formation et de l’organisation politique.
La reconstruction et l’édification socialiste du pays
L’armée est une partie du peuple, l’armée et le peuple doivent former un tout. La reconstruction du pays, la construction du socialisme, comme la défense de la patrie, les concernent au même titre. C’est pourquoi, en temps de paix, l’ANP consacre le maximum de ses activités à l’édification économique et sociale du pays.
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Ainsi, chaque région militaire possède un service sanitaire pour chaque corps d’arme, qui couvre non seulement en cas de besoin, les djounoud, mais aussi la population civile. Le génie exerce son activité dans le reboisement, la défense et la restauration des sols, l’exploitation des carrières, le forage des puits d’eau, la construction des pistes et digues, le drainage des marais, les travaux publics, le chemin de fer, etc. À l’initiative de la Direction nationale des coopératives, l’ANP s’attache à reconstruire les villages détruits par la guerre. Sans supplément de solde, les djounoud travaillent jusqu’à dix heures par jour en plus des tâches purement militaires. Enfin, l’ANP, composée dans sa majorité de paysans aguerris, concentre l’essentiel de ses efforts au développement et à la modernisation de l’agriculture.
L’ANP peut jouer ce rôle d’avant-garde grâce à son organisation et sa discipline, mais aussi grâce à la qualification de ses spécialistes et de ses cadres. Dans la plupart des armes, la formation militaire a un aspect de formation professionnelle. L’intendance, l’École du matériel, le train, ainsi que l’aviation, les blindés, les transmissions, etc., forment des ouvriers et cadres spécialisés qui apportent leur aide dans tous les secteurs de l’économie et de la vie sociale. Dans cette perspective aussi, le service militaire obligatoire a son importance.
Les commissaires politiques
Cette pratique quotidienne commune, tant sur le plan militaire qu’économique, est essentielle au point de vue politique, pour maintenir la cohésion entre l’armée et le peuple. Par sa composition, par sa situation et son rôle face aux menaces constantes de l’impérialisme, l’ANP possède un haut niveau politique. Mais la masse des tâches à réaliser, les sacrifices, la discipline sévère qu’elles exigent, le renforcement de la cohésion de l’armée, de l’unité entre la base et le sommet, entre l’armée et le peuple, la compréhension du contexte national et international, toutes ces questions demandent une analyse, une éducation politique permanente. C’est pourquoi dans toutes les armées des pays socialistes, l’activité des organisations du Parti, leur renforcement constant sont absolument nécessaires.
Déjà, durant la guerre de libération nationale, les commissaires politiques, tout en combattant comme les autres djounoud, expliquaient inlassablement la ligne générale de la lutte et de la Révolution, déjouant les plans des « services psychologiques ». Dès 1962, le Commissariat politique de l’ANP relança l’École des Cadres. Aujourd’hui, l’École des Commissaires politiques forme des militants destinés, tout en participant à l’alphabétisation, à développer la conscience socialiste de l’armée, à expliquer les difficultés et les dangers qui guettent la Révolution.
D’autre part, le Commissariat politique fait un effort particulier dans le domaine de l’information par des brochures, des émissions radiodiffusées. Il édite El Djeich, organe de l’armée. Avant le 19 juin 1965, El Djeich fut à l’avant-garde pour mettre en garde contre les lacunes et les déviations du gouvernement Ben Bella. Depuis, El Djeich poursuit son combat pour la défense et le progrès de la Révolution. Cette citation, extraite du numéro spécial « ANP 1965 », résume parfaitement les caractères de cette armée :
« … une armée révolutionnaire qui travaille, s’instruit pour se moderniser, qui veille à la sécurité de la nation, défend les acquis de la révolution et qui participe d’une façon effective à toutes les tâches de l’édification nationale. »
L’Algérie et son ANP, forces essentielles de la Révolution en Afrique
Le 31 janvier 1968, neuf ans avant la date prévue (1977), s’est achevé l’évacuation de Mers el-Kébir par l’armée française et sa prise en main par l’ANP. Ce fait, qui témoigne de la puissance de la révolution algérienne, est d’une importance stratégique capitale. En effet, non seulement l’Algérie est maintenant souveraine sur l’ensemble de son territoire, mais la base de Mers el-Kébir, dont tous les centres vitaux sont à 300 m sous le roc, a été prévue pour contrôler le trafic de Gibraltar à Suez. Sous la signature d’Abdelaziz, El Moudjahid du 1^er^ février 1968 commentait cet événement en ces termes :
« On peut s’assurer maintenant qu’aucune puissance étrangère ne pourra à l’avenir, prendre pied sur nos rivages et qu’aucun pouce de notre territoire ne sera un jour cédé ou occupé. »
Sûrs de leurs arrières, le peuple algérien et son ANP sont prêts à repousser toute attaque de l’impérialisme, par terre, par air ou par mer. Ils sont prêts à jouer tout leur rôle pour liquider les séquelles de l’agression sioniste, pour l’unification révolutionnaire de la nation arabe dont ils se savent partie intégrante. Fidèles à l’internationalisme prolétarien, ils continuent à apporter leur aide politique et matérielle aux peuples africains qui mènent la lutte armée pour leur indépendance et ils entretiennent naturellement les liens les plus étroits avec les États socialistes d’Europe, dont évidemment la puissante Union soviétique.
Grâce à la fermeté et au réalisme de sa politique, l’Algérie socialiste a les moyens de sa politique révolutionnaire, politique révolutionnaire particulièrement illustrée par ces paroles du Président Boumediene dans son discours du 19 juin 1967 :
« … en Algérie une forteresse qui appartenait hier encore au colonialisme s’est transformée en base de la Révolution socialiste ».