Média communiste pour toute l'Europe
fondé par Michèle Mestre
1er novembre 2024

La Révolution algérienne a 70 ans !

Bonjour,

En révolution on a aussi le droit d’exprimer sa joie. Malgré les douleurs de certains fronts (comme la Palestine et le Sahara occidental), nous nous sentons heureux de fêter le 70e anniversaire de la Révolution algérienne, du 1er novembre 1954. Cette joie profonde vient de la conscience d’une véritable unité de destin révolutionnaire. Nos camarades Michèle Mestre et Mathias Corvin ont pris la décision historique de créer l’organe politique nouveau qu’est Le Communiste en août 1954.

Il s’agit d’une même impulsion révolutionnaire des deux côtés de la Méditerranée. Un mouvement absolument neuf “se dégageant ainsi de toutes les compromissions possibles”, comme dit le premier appel du FLN, le 1er novembre 1954, que nous publions plus bas.

Pour les Algériens, il s’agit de l’apparition le même jour :

  • une nouvelle organisation politique révolutionnaire, le Front de libération nationale (FLN), qui huit ans plus tard mène à l’indépendance de l’Algérie (1962) et au début de la construction du socialisme ;
Sceau du FLN

Sceau du FLN

  • une nouvelle organisation militaire révolutionnaire, l’Armée de libération nationale (ALN), qui devient la garantie de la poursuite du programme de la libération du colonialisme français.
Moudjahidine au combat (de profil)
Moudjahidine au combat (de dos)

Donc, ce n’est pas seulement la réalisation en même temps de 20 opérations militaires que nous saluons en ce 1er Novembre, mais bel et bien la naissance d’une révolution.

Le texte du premier appel est le véritable programme politique de la Révolution algérienne. Nous savons qui a rédigé le texte et où il a été rédigé. C’est comme lorsque nous suivons les efforts de Vladimir Illitch Lenine en octobre 1917. Ou ceux de Mao Zedong en 1949. Ou ceux de Fidel Castro en 1959. La révolution en train de se faire dans toute la beauté de ses premiers éclats.

Nous avons voulu rapprocher ce texte du premier article de Mathias Corvin (“Une nouvelle guerre coloniale”) dans Le Communiste n°5 de novembre 1954. Il est clair qu’au lendemain des événements du 1er novembre 1954, Mathias Corvin n’a pas le véritable début de l’explication, sauf la conviction géniale que c’est la début de la fin de la colonisation française en Algérie.

Il y aurait beauoup à dire pour expliquer “Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD)”, “les fellagas de Tunisie”, etc. Mais ce n’est pas notre propos. Mathias Corvin et les autres membres du Communiste ont senti immédiatement l’immense portée du déclenchement des opérations. Par la suite, jusqu’à la victoire du peuple algérien en 1962 mené par le FLN et l’ALN, nos camarades n’ont jamais dévié d’un degré dans le soutien aux Algériens.

Nous pensons fondamentalement qu’en ce 1er novembre 1954, les camarades algériens du FLN ont imposé une unité profonde au mouvement révolutionnaire. Le côté algérien tient le côté progressiste. Le côté français tient le côté réactionnaire. Mais par l’existence du journal Le Communiste, il existe un lien profond et solide, qui amènera révolutionnaires algériens et français à une pensée commune, à une action commune pour la victoire de la révolution mondiale.

Le jeudi 31 octobre 2024, El Moudjahid, “La Révolution par le peuple et pour le peuple”, publie un numéro spécial pour le 70e anniversaire. On peut le lire et le télécharger très facilement. Une liste d’articles en lien avec l’événement est aussi disponible.

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En cette importante occasion il nous faut citer le nom d’Houari Boumedienne qui remplace Ahmed Ben Bella en 1965 à la direction de l’Algérie. En juillet 2025, en leur 60e anniversaire, nous retracerons les événements du “redressement révolutionnaire” de 1965.


Texte intégral du premier appel adressé par le Secrétariat général du Front de libération nationale (FLN) au peuple algérien

PEUPLE ALGÉRIEN,

MILITANTS DE LA CAUSE NATIONALE,

À vous qui êtes appelés à nous juger (le premier [peuple] d’une façon générale, les seconds [militants] tout particulièrement), notre souci en diffusant la présente proclamation est de vous éclairer sur les raisons profondes qui nous ont poussés à agir en vous exposant notre programme, le sens de notre action, le bien-fondé de nos vues dont le but demeure l’indépendance nationale dans le cadre nord-africain. Notre désir aussi est de vous éviter la confusion que pourraient entretenir l’impérialisme et ses agents administratifs et autres politicailleurs véreux.

Les six responsables du Front de libération nationale en novembre 1954. Les auteurs de la déclaration du 1er novembre sont les deux militants debout à droite. Debout, de gauche à droite : Rabah Bitat, Mostefa Ben Boulaïd, Didouche Mourad et Mohammed Boudiaf. Assis, de gauche à droite : Krim Belkacem et Larbi Ben M'Hidi. La photo sort d’un photographe situé dans l'avenue de la Marne (aujourd’hui avenue Boubella Mohamed) à Bab El Oued, Alger.

Les six responsables du Front de libération nationale en novembre 1954. Les auteurs de la déclaration du 1er novembre sont les deux militants debout à droite. Debout, de gauche à droite : Rabah Bitat, Mostefa Ben Boulaïd, Didouche Mourad et Mohammed Boudiaf. Assis, de gauche à droite : Krim Belkacem et Larbi Ben M'Hidi. La photo sort d’un photographe situé dans l'avenue de la Marne (aujourd’hui avenue Boubella Mohamed) à Bab El Oued, Alger.

Nous considérons avant tout qu’après des décades [décennies] de lutte, le mouvement national a atteint sa phase de réalisation. En effet, le but d’un mouvement révolutionnaire étant de créer toutes les conditions d’une action libératrice, nous estimons que, sous ses aspects internes, le peuple est uni derrière le mot d’ordre d’indépendance et d’action et, sous les aspects extérieurs, le climat de détente est favorable pour le règlement des problèmes mineurs, dont le nôtre, avec surtout l’appui diplomatique de nos frères arabo-musulmans. Les événements du Maroc et de Tunisie sont à ce sujet significatifs et marquent profondément le processus de la lutte de libération de l’Afrique du Nord. A noter dans ce domaine que nous avons depuis fort longtemps été les précurseurs de l’unité dans l’action, malheureusement jamais réalisée entre les trois pays.

Aujourd’hui, les uns et les autres sont engagés résolument dans cette voie, et nous, relégués à l’arrière, nous subissons le sort de ceux qui sont dépassés. C’est ainsi que notre mouvement national, terrassé par des années d’immobilisme et de routine, mal orienté, privé du soutien indispensable de l’opinion populaire, dépassé par les événements, se désagrège progressivement à la grande satisfaction du colonialisme qui croit avoir remporté la plus grande victoire de sa lutte contre l’avant-garde algérienne.

L’HEURE EST GRAVE !

Devant cette situation qui risque de devenir irréparable, une équipe de jeunes responsables et militants conscients, ralliant autour d’elle la majorité des éléments encore sains et décidés, a jugé le moment venu de sortir le mouvement national de l’impasse où l’ont acculé les luttes de personnes et d’influence, pour le lancer aux côtés des frères marocains et tunisiens dans la véritable lutte révolutionnaire.

Nous tenons à cet effet à préciser que nous sommes indépendants des deux clans qui se disputent le pouvoir. Plaçant l’intérêt national au-dessus de toutes les considérations mesquines et erronées de personnes et prestige, conformément aux principes révolutionnaires, notre action est dirigée uniquement contre le colonialisme, seul ennemi et aveugle, qui s’est toujours refusé à accorder la moindre liberté par des moyens de lutte pacifique.

Ce sont là, nous pensons, des raisons suffisantes qui font que notre mouvement de rénovation se présente sous l’étiquette de FRONT DE LIBÉRATION NATIONALE, se dégageant ainsi de toutes les compromissions possibles et offrant la possibilité à tous les patriotes algériens de toutes les couches sociales, de tous les partis et mouvements purement algériens, de s’intégrer dans la lutte de libération sans aucune autre considération.

Pour préciser, nous retraçons ci-après, les grandes lignes de notre programme politique :

BUT

L’indépendance nationale par :

  1. La restauration de l’Etat algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques.

  2. Le respect de toutes les libertés fondamentales sans distinction de races et de confessions.

OBJECTIFS INTÉRIEURS

  1. Assainissement politique par la remise du mouvement national révolutionnaire dans sa véritable voie et par l’anéantissement de tous les vestiges de corruption et de réformisme, cause de notre régression actuelle.

  2. Rassemblement et organisation de toutes les énergies saines du peuple algérien pour la liquidation du système colonial.

OBJECTIFS EXTÉRIEURS

  1. Internationalisation du problème algérien

  2. Réalisation de l’Unité nord-africaine dans le cadre naturel arabo-musulman

  3. Dans le cadre de la charte des Nations-Unies, affirmation de notre sympathie à l’égard de toutes nations qui appuieraient notre action libératrice.

MOYENS DE LUTTE

Conformément aux principes révolutionnaires et comptes tenu des situations intérieure et extérieure, la continuation de la lutte par tous les moyens jusqu’à la réalisation de notre but.

Pour parvenir à ces fins, le Front de libération nationale aura deux tâches essentielles à mener de front et simultanément : une action intérieure tant sur le plan politique que sur le plan de l’action propre, et une action extérieure en vue de faire du problème algérien une réalité pour le monde entier avec l’appui de tous nos alliés naturels.

C’est là une tâche écrasante qui nécessite la mobilisation de toutes les énergies et toutes les ressources nationales. Il est vrai, la lutte sera longue mais l’issue est certaine.

En dernier lieu, afin d’éviter les fausses interprétations et les faux-fuyants, pour prouver notre désir de paix, limiter les pertes en vies humains et les effusions de sang, nous avançons une plate-forme honorable de discussion aux autorités françaises si ces dernières sont animées de bonne foi et reconnaissent une fois pour toutes aux peuples qu’elles subjuguent le droit de disposer d’eux-mêmes.

  1. La reconnaissance de la nationalité algérienne par une déclaration officielle abrogeant les édits, décrets et lois faisant de l’Algérie une terre française en déni de l’histoire, de la géographie, de la langue, de la religion et des mœurs du peuple algérien.

  2. l’ouverture des négociations avec les porte-parole autorisés du peuple algérien sur les bases de la reconnaissance de la souveraineté algérienne, une et indivisible.

  3. La création d’un climat de confiance par la libération de tous les détenus politiques, la levée de toutes les mesures d’exception et l’arrêt de toute poursuite contre les forces combattantes.

EN CONTREPARTIE

  1. Les intérêts français, culturels et économiques, honnêtement acquis, seront respectés ainsi que les personnes et les familles.

  2. Tous les français désirant rester en Algérie auront le choix entre leur nationalité et seront de ce fait considérés comme étrangers vis-à-vis des lois en vigueur ou opteront pour la nationalité algérienne et, dans ce cas, seront considérés comme tels en droits et en devoirs.

  3. Les liens entre la France et l’Algérie seront définis et feront l’objet d’un accord entre les deux puissances sur la base de l’égalité et du respect de chacun.

Algérien ! nous t’invitons à méditer notre charte ci-dessus. Ton devoir est de t’y associer pour sauver notre pays et lui rendre sa liberté ; le Front de libération nationale est ton front, sa victoire est la tienne.

Quant à nous, résolus à poursuivre la lutte, sûrs de tes sentiments anti-impérialistes, nous donnons le meilleur de nous-mêmes à la patrie.

1er novembre 1954, le Secrétariat national


Le Communiste no 5 🔗

Par Mathias CORVIN
11/1954 · no 5 · p. 4-6

Une nouvelle guerre coloniale

Ainsi donc voici la France engagée dans une nouvelle guerre coloniale. Quelques mois à peine se seront écoulés entre la fin de la guerre au Vietnam et le début des hostilités en Afrique du Nord et c’est le même gouvernement, celui de Mendès-France, qui – après avoir fait les accords de Genève – a pris la grave décision d’envoyer la troupe et l’aviation défendre par les armes les intérêts colonialistes menacés en Afrique du Nord. Mais entre la conduite de cette guerre-ci et celle du Vietnam une différence colossale se prépare, à savoir l’utilisation du contingent. Si la guerre d’Indochine n’était resté le fait que d’un corps de mercenaires et d’officiers et sous-officiers de carrière, la guerre d’Afrique du Nord doit devenir, suivant les plans de ceux qui nous gouvernent, la guerre de tout le peuple français. Jeunes ouvriers, jeunes paysans, jeunes intellectuels appelés pour leur service militaire risquent de se retrouver sur les champs de bataille de l’Aurès, l’arrière-pays tunisien et marocain, si les forces militaires actuellement engagées n’arrivent pas à maîtriser l’armée de libération qui se lève maintenant en Afrique du Nord.

Traitant du terrorisme des fellagas tunisiens, dans Le Communiste du mois de septembre dernier, nous disions : « Il s’agit là d’un véritable phénomène social, dont la gravité doit retenir l’attention. » L’expérience a confirmé la justesse de cette analyse : entre les trois pays, les frontières qui s’élèvent sont surtout l’expression de la domination coloniale ; les populations musulmanes d’Afrique du Nord ont entre elles une unité de culture, de tradition, de langue, de religion ; la vague de résistance à l’oppression coloniale commencée en Tunisie et au Maroc risque d’embraser l’Algérie.

Comprenant la gravité de la situation, le gouvernement Mendès-France a voulu frapper avec la vigueur la plus extrême : dissoudre le MTLD, remplir les prisons de militants nationalistes, pourchasser les cadres, c’était amputer la résistance algérienne d’un de ses atouts essentiels, mais c’était surtout agir sur les centaines de milliers de travailleurs nord-africains en France, dont on connait le remarquable esprit de combativité. Par ce moyen on voulait les réduire au silence au moment où les avions allaient bombarder leurs douars. Politique de force, politique classique de répression, mais tout cela ne conduira pas loin : c’est en face d’une résistance de masse que se trouve maintenant la métropole. Mendès-France qui était l’homme qui avait fait la « paix en Indochine » sera aussi l’homme qui aura ouvert la guerre en Afrique du Nord. Mais comme il est parti, son palmarès se complètera d’actes de plus en plus contraires aux intérêts du peuple.

Indépendance nationale et révolution sociale

Les événements d’Algérie marquent la faillite de la politique dite « d’assimilation », que l’impérialisme français avait cru pouvoir mener à bien, en la transformant en trois départements français. Non seulement cette transformation ne donna pas aux Algériens les droits politiques des citoyens français, mais elle ne fit que couvrir sur le plan social et économique, le maintien et l’aggravation de leurs conditions de colonisés. Par contre puisqu’ils étaient devenus « français » plus [aucune] de discussion avec les représentants de leur pays (dont on supprimait jusqu’à l’existence juridique) mais par contre assimilation totale et directe à l’emprise de la métropole. Grâce à cette supercherie l’Algérie semblait jouir d’un calme intérieur bien plus grand que celui de la Tunisie et du Maroc. On vient de voir comment il a été rompu. Les militants révolutionnaires ne peuvent approuver la forme terroriste de lutte, mais s’il n’y avait que du terrorisme il n’y aurait pas besoin en Algérie d’armée et d’aviation : en fait maintenant il existe une armée de partisans qui a pour elle l’appui de la population et qui comme toute armée a sa stratégie, son organisation, etc… La répression qui fait rage en Algérie peut, peut-être, remporter d’immédiats et spectaculaires succès, mais elle ne pourra renverser le cours de cette évolution. Au contraire, elle ne le rendra que plus irréversible surtout à mesure que grandiront les préparatifs de la guerre mondiale dans laquelle les peuples d’Afrique du Nord n’ont vraiment rien à défendre. Et si nous avions le temps de pleurer sur les malheurs de l’impérialisme, nous dirions que c’est vraiment une triste chose pour lui, que cette résistance de l’Afrique du Nord ; il n’avait pas besoin de cela, lui, qui a déjà tant de mal à mettre au point ses plans d’agression contre l’U.R.S.S. et les pays de démocratie populaire.

Le centre de la résistance des forces résistantes d’Afrique du Nord est parait-il au Caire. Et le gouvernement Mendès-France a un moment envisagé d’intervenir auprès de celui-ci pour lui demander de cesser son soutien – ou au moins sa protection tacite – aux mouvements nationalistes. On dit aussi que l’impérialisme américain joue d’une manière habile pour évincer la France de l’Afrique du Nord et prendre sa place. Il n’y a pas de doute que, aussi bien la bourgeoisie nationale musulmane d’Egypte que l’impérialisme yankee, qui cherche à dominer le monde, tenteront de mettre à profit les difficultés de l’impérialisme français. Mais que peuvent-ils apporter à des peuples qui, à travers leur lutte pour l’indépendance nationale, aspirent également à leur libération sociale ?

Car l’enjeu de la bataille qui a commencé en Algérie, comme dans le reste de l’Afrique du Nord, est en fait beaucoup plus vaste que la seule lutte pour l’indépendance nationale : il s’agit que ces peuples non seulement se libèrent de la tutelle impérialiste, première condition pour réaliser leur véritable unité nationale et liquider les vestiges féodaux en réalisant une réforme agraire qui donnera la terre aux paysans, mais également qu’ils franchissent rapidement les siècles de retard qu’ils ont par une utilisation de toutes les ressources minérales qu’ils possèdent et une rapide industrialisation. Ni l’impérialisme français, ni l’impérialisme américain ne peuvent évidemment les faire évoluer dans ce sens. Mais la bourgeoisie musulmane, qu’elle soit égyptienne, tunisienne ou autre, ne peut conduire la lutte du peuple musulman jusqu’à la révolution sociale. L’indépendance nationale est un objectif qui lui est suffisant : que les impérialistes et les colons partent mais que, elle, conserve son pouvoir et même le renforce sur le prolétariat et les masses paysannes. Une telle situation révèle que la bourgeoisie musulmane est en fait incapable de prendre la tête de la lutte qui se développe maintenant en Afrique du Nord. Les victoires remportées par la révolution coloniale en Chine et au Vietnam sont la preuve que dans tous les pays coloniaux les questions de l’indépendance coloniale et de la révolution sociale se confondent étroitement à notre époque et que la direction du combat doit reposer exclusivement sur le prolétariat des villes et des campagnes victimes de l’oppression conjuguée des impérialistes, des féodaux et des grands bourgeois indigènes.

En Algérie, la situation est beaucoup plus explosive que dans aucun autre pays d’Afrique du Nord parce que la bourgeoisie nationale est quasi inexistante et que par voie de conséquence, elle ne constitue pas un écran entre les masses et l’exploiteur étranger comme c’est le cas au Maroc et en Tunisie. C’est la raison pour laquelle l’Algérie et sa principale organisation nationaliste, le MTLD, sont un tel foyer révolutionnaire. Mais le MTLD qui vient de subir une grave crise est loin d’avoir le programme qui convient, ses militants les plus éduqués sentent la terrible insuffisance politique qui est la sienne, et qui repose fondamentalement sur le fait que sa direction n’admet pas la réalité de la lutte des classes.

Mais les événements iront vite maintenant. Le passage du terrorisme individuel à l’organisation d’une armée nationale va accélérer la politisation des meilleurs combattants. Des remous auront lieu dans les grandes organisations nationalistes accroissant la séparation entre les couches qui veulent aller jusqu’à la victoire – jusque et y compris faire de leurs pays des grands pays modernes – et celles qui devant la crainte d’une révolution socialiste préfèreront s’engager dans la voie du compromis avec le gendarme impérialiste. Dans les années à venir des regroupements auront lieu donnant naissance à des forces nouvelles : de toute façon il n’y a aucune raison d’admettre que la partie la meilleure du peuple nord-africain restera étrangère au marxisme et ne reconnaitra pas en lui l’arme la plus efficace pour penser et agir dans un sens tout à fait révolutionnaire.

La lutte du peuple d’Afrique du Nord, c’est aussi la lutte du peuple français. Les coups qu’il porte à l’exploiteur commun, renforce l’action en France même. Il est du devoir de chaque travailleur de s’élever contre l’intervention impérialiste en Afrique du Nord, pour l’indépendance totale de ces peuples, contre l’interdiction du MTLD et pour la libération des emprisonnés. Avec l’envoi du contingent, le peuple français sera directement engagé dans cette guerre. Or celle-ci n’est pas la sienne, ni celle des jeunes soldats qui n’ont que faire de risquer leur vie pour défendre les comptes en banque des colonialistes.


Un jeune Moudjahid

Longue vie à la république algérienne démocratique et populaire !

Vive la Révolution algérienne ! Vite la Révolution française !

Vive la Révolution mondiale !

Communistus


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