53e Congrès de la CGT - En finir avec la Charte d'Amiens (1906)
Bonjour,
Grâce à Laurence, à Olivier Mateu, aux éditions Delga, à Jose Antonio et à Jean Pierre Page, nous nous trouvons à la tête d’une très bonne documentation sur le 53e Congrès de la CGT. Ce congrès commence ce lundi 27 mars 2023 à Clermont-Ferrand. Jean-Pierre Page en traduisant son intervention en espagnol et en grec va exactement dans le sens que nous défendons : Il s’agit des intérêts de la classe ouvrière de l’Europe dans son ensemble. Il faudrait une traduction en allemand, en italien et en anglais. Et pour que la couverture soit presque complète, en portugais, roumain, néerlandais, danois, suédois, polonais, hongrois, tchèque, russe, ukrainien, serbe, bulgare, albanais, turc, irlandais, maltais. Nous nous excusons des oublis. Ils sont involontaires. Mais nous dépassons clairement les limites des Vingt-sept de l’UE.
Les positions d’Olivier Mateu et de Jean-Pierre Page - que nous confondrons par souci de rapidité - sont extrêmement intéressantes. Sans discuter, nous souhaitons que leurs thèses aient un sort favorable (gagnant) lors du congrès. Sur des points comme la fin de la recherche perpétuelle du consensus syndical en France, comme la généralisation des luttes confédérales, comme le retour de l’ensemble de la confédération à la Fédération syndical mondiale (FSM) et bien d’autres, nous sommes certains que cela changerait fortement le cours des luttes en Europe.
Mais nous voulons, comme toujours, faire œuvre de communistes. Il est un thème que tout ce courant combatif ne soulève pas, c’est celui de l’histoire de la CGT depuis 1906 et la fameuse Charte d’Amiens. Quand on voit que presque tous les syndicats français se réfèrent à cette charte, incontestablement, c’est que la CGT ne devrait plus s’y référer, même si elle en est à l’origine. Ce n’est pas un point de détail. Nous joignons le texte de la charte pour que tous puissent juger. La Charte d’Amiens dit : « La CGT groupe, en dehors de toute école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat ». Et plus loin : « Mais cette besogne n’est qu’un côté de l’œuvre du syndicalisme : d’une part il prépare l’émancipation intégrale, qui ne peut se réaliser que par l’expropriation capitaliste, et d’autre part, il préconise comme moyen d’action la grève générale et il considère que le syndicat, aujourd’hui groupement de résistance, sera, dans l’avenir, le groupe de production et de répartition, base de réorganisation sociale. » On sent bien qu’il y a - dans ces mots - une substitution complète de l’organisation syndicale à l’organisation politique. Franchement, les communistes ne peuvent laisser croire qu’ils adhèrent à cette vision anarchiste (on parle d’anarcho-syndicalisme). La Charte d’Amiens déclare que la préoccupation principale (peut-être le seule préoccupation) réside dans “la production”. Si l’on maintient la Charte d’Amiens, on entre en conflit immédiat avec les organisations communistes qui ont pour mission historique d’obtenir “la disparition du salariat et du patronat”. Les débats ont duré une semaine à Amiens, en 1906, ils auraient pu durer plus longtemps. Cette charte signifie le blocage de la lutte politique du peuple pour son émancipation. On pourrait même croire que la victoire des anarchistes à Amiens, en 1906, avait pour première mission de bloquer l’apparition et le développement des forces populaires et la constitution des organisations de classe communistes. Les statuts adoptés par la CGT à son 51e congrès à Marseille en 2016 reprend l’idée que la CGT est “fidèle à ses origines, à la charte d’Amiens de 1906”.
Tous les communistes auront compris qu’il ne suffit pas d’obtenir le secrétariat général de la CGT, il faut ensuite, à l’intérieur, mener la lutte pour redresser la ligne complètement distordue depuis 1906.
Du fond du cœur révolutionnaire
Michmich
NB. Nous avons rajouté dans la doc, l’article de David Noel dans le numéro 405 de “La Pensée” en 2021 sur “L’internationalisme de la CGT en question”. Il montre l’ampleur de la lutte pour rejoindre la FSM…
Camarades, camarades, comme dirait l’autre.
Je me propose pour traduire en anglais le texte de JP Page, si vous y voyez un intérêt quelconque. Ce ne sera pas fini demain (16 pages, tout de même !) mais ça me fait envie et si ça peut aider…
Et moi, en plus, je suis pour l’anarcho-syndicalisme, alors… :D
Hasta l’appel de la bandiera rossa de las barricadas internationales, et tout le reste aussi.
Louis