Algeria Watch - PSU - Pieds rouges
Bonjour,
Aline nous a envoyé l’article de François Gèze dans “Algeria Watch” du 11 janvier 2023. Nous nous sommes réunis (téléconférence) entre Camille, Mireille, Paul-Amour et Michmich. Nous avons pensé qu’il fallait approfondir cette discussion et provoquer toutes les récriminations et objections si nécessaire. Il se trouve que l’on a annoncé la visite du président algérien Abdelmadjid Tebboune en France au mois de mai 2023. Et que l’Association France-Palestine solidarité a fait part du décès de Bernard Ravenel, son ancien président. Il a été un des fondateurs du PSU et en a été membre jusqu’à sa dissolution en 1989. Par une association d’idées et de faits que nous allons expliquer, tout nous amenait à ce que nous pourrions appeler le courant pied rouge de l’impérialisme français…
L’article de François Gèze est un événement important mais non pas étonnant. François Gèze est cofondateur d‘“Algeria Watch”. Mais le moment et le prétexte sont très significatifs. Sur une photo du mois d’août 2022 (c’est un peu ancien !), l’on voit le président algérien Tebboune et le président français Macron à table, en Algérie, avec leurs états-majors. Le cliché sert à signaler le 32e anniversaire du “coup d’État” de janvier 1992. Nous donnons par ailleurs une analyse plus précise de l’article de François Gèze. Mais il faut dire ici d’abord que François Gèze est un des grands noms de l’édition française, un faiseur d’opinions, sans doute pas spectaculaire mais dans le profond de la conscience nationale… Il est l’héritier et le continuateur de l’éditeur François Maspero. Sur le site des éditions “La Découverte”, nous lisons :
En 1983, les éditions La Découverte prennent le relais des éditions François Maspero (créées en 1959). Au mois de mai 1982, François Maspero décide de quitter la maison qu’il a fondée, après en avoir confié la direction à François Gèze, à qui il demande de poursuivre l’activité mais de changer de nom.
Comme successeur de Maspero, François Gèze est l’héritier de toute l’opposition à la révolution algérienne depuis le “redressement” effectué par le président Houari Boumediène en 1965. Une opposition permanente à la réalité militaire de la révolution algérienne. Ce n’est pas le Front de Libération nationale (FLN) qui a dirigé la révolution mais l’Armée de Libération nationale (ALN). C’est une simple constatation historique. Et l’armée algérienne a travers les décennies continue à assumer son rôle révolutionnaire et dirigeant.
En janvier 1992, les dirigeants de l’armée algérienne demandent au président (depuis 1979, successeur de Boumediène) Chadli Bendjedid de démissionner. Le lendemain, ils annulent le second tour des élections législatives prévues pour le 16 janvier 1992. Par un acte brutal mais décisif, l’armée empêche la prise du pouvoir “légale” du Front islamique du Salut. L’Algérie ne bascule pas dans le camp féodal et obscurantiste où se trouve depuis longtemps l’Iran… On voit ce que ce “coup d’État” a évité à l’Algérie. Une longue guerre civile s’en est suivie tout au long des années 90. Une horreur sans nom… mais la légalité est restée tout le temps à la Révolution.
La presse algérienne a annoncé l’appel téléphonique entre les présidents algérien et français et la décision d’inviter le président Tebboune en France en mai 2023. C’est sans le moindre doute un énorme succès de la diplomatie algérienne. Après tous ceux qui ont marqué les trois ans de la présidence Tebboune (2019-2022) tant sur le plan national qu’international. Sur la question palestinienne. Aux non-alignés. A la ligue arabe. Dans le Sahel. Pour l’adhésion aux BRICS. Ne pas le reconnaître relève de la mauvaise intention, de la désinformation habituelle en France. Pour notre part, nous nous réjouissons grandement de cette visite. Et elle fera également honneur et plaisir aux centaines de milliers de citoyens d’origine algérienne qui résident en France qu’ils soient de l’une ou l’autre nationalité (ou des deux).
Nous sommes au seuil d’une nouvelle période historique. Il faut en finir avec l’idée, chère à l’universitaire Benjamin STORA, de la “double mémoire” sur la guerre de 1954-1962. Il n’y a qu’une seule mémoire de la guerre. Sous sa version victorieuse, elle parle de la Révolution algérienne et des sacrifices héroïques de ses combattants. Sous sa version défaitiste, elle porte la honte racialiste et raciste d’un pouvoir colonial brutal et inacceptable.
Les Algériens sont maintenant porteurs d’une force qui leur permet d’affronter le débat qui pourrait et devrait être définitif.
Bernard Ravenel, l’ancien président de France-Palestine Solidarité, est mort. Il se trouve qu’il est le rédacteur du livre “Quand la gauche se réinventait. Le PSU, histoire d’un parti visionnaire, 1960-1989”, 2016, 334 p., La Découverte. La maison d’édition de François Gèze. On trouve le sommaire détaillé du livre à l’adresse : https://www.editionsladecouverte.fr/quand_la_gauche_se_reinventait-9782707188892.
Il y a là nécessité d’un débat très profond. Le Parti socialiste unifié (PSU) naît très clairement d’une faute impardonnable du PCF. Ce dernier tient une position très mauvaise dans le soutien aux révolutionnaires algériens. Le PCF apporte son soutien en 1956 aux “pouvoirs spéciaux” de Guy Mollet (SFIO), lesquels pouvoirs spéciaux débouchent sur l’engagement des appelés en Algérie. Cette énorme faute, la gauche de l’impérialisme ne la laisse pas passer. En fondant le PSU, elle se donne le moyen d’être au plus près des combattants algériens, tout en déversant sans discontinuer son venin anticommuniste et antisoviétique. Il est des erreurs politiques qui se paient cher, très cher. Le FLN aura le plus grand mal à faire par la suite confiance au PCF. C’est dans ce contexte que se crée le courant (qui ne s’est jamais vraiment structuré) que le président Boumediène a qualifié de “pieds-rouges”. Ce sont ces Français, assez sincèrement anticolonialistes, mais qui se sont crus les maîtres de la situation politique, donneurs de leçons, insupportables.
Catherine Simon, “Algérie, les années pieds-rouges. Des rêves de l’indépendance au désenchantement (1962-1969)”, 2009-2011, La Découverte. Les éditions de François Gèze, quel étonnement ! La bibliographie de Bernard Ravenel est d’une homogénéité sans faille. La non-violence en particulier ! Ce n’est pas le lieu de tout déballer ici. Mais nous devons parler des ouvrages contre le gouvernement algérien qui s’inscrivent assez clairement dans ce courant pied rouge. Un exemple. “La face cachée de l’Algérie”, dossier préparé par Olfa Lamloum et Bernard Ravenel, Éditeur l’Harmattan, 2003, 191 p., N° spécial de “Confluences Méditerranée”, n° 45, printemps 2003.
On peut trouver des résumés des articles et les lire à l’adresse : https://www.cairn.info/revue-confluences-mediterranee-2003-2.htm
Il faut arrêter là. Nous sommes sûrs que plus d’un d’entre vous va élever la voix pour contester, pour s’opposer ou pour demandes des précisions et des éclaircissements. Ce média est là pour ça. Râlez, contestez, poser des questions…
L’avenir sera communiste. Il le sera.
Michmich, Paul-Amour, Camille et Mireille