Impérialisme français : L’Afrique et le monde
Bonjour,
Paul-Amour est en train de concocter trois numéros sur l’Europe et la guerre mondiale, avec comme acteurs principaux la Pologne, la RFA et la France. C’est le tragique “triangle de Weimar”…
Nous nous associons complètement à la campagne du Collectif pour la libération de Georges Abdallah : « Georges Abdallah : faisons de 2025 l’année de sa libération ! »
Nous rappelons à tous nos lecteurs, amis et camarades, que la collection complète des 250 premiers numéros de Communistus est accessible sur notre site communistus.eu.
Éditorial
Des changements importants ont lieu dans les relations entre la France impérialiste et les pays d’Afrique. Le 31 décembre 2024, le président de la Côte d’Ivoire Alassane Ouattara a annoncé le départ des troupes françaises de son pays. Cette décision intervient après celles du Mali, de la Centrafrique, du Niger, du Burkina Fasso, du Tchad et du Sénégal.
Est-ce vraiment la fin de la Françafrique ?
L’expression Françafrique est connotée péjorativement. Elle désigne une relation – coloniale, néocoloniale ou encore impérialiste – entre la France et ses anciennes colonies en Afrique, notamment subsaharienne, en matière d’économie, de monnaie, de diplomatie, de culture et de présence militaire.
En mars 2023, Macron déclare à Libreville (Gabon), première étape d’une tournée africaine : « Cet âge de la Françafrique est révolu. » Macron semble donc accepter ce qu’il n’est plus possible de cacher : La France – première puissance impérialiste en Afrique francophone – est obligée de changer sa méthode.
Sur le plan économique. Depuis la fin des années 1990, la Chine populaire dépasse la France impérialiste comme premier partenaire commercial de l’Afrique francophone. La Chine est un partenaire commercial plus important pour les États africains que les USA, le Royaume-Uni et la France réunis.

Les deux francs CFA
Cependant, la domination de l’euro (à la suite du franc français) sur les pays francophones d’Afrique subsaharienne reste totale. Le franc CFA fonctionne toujours, preuve manifeste de l’influence des monnaies de l’Europe.
En vérité, deux monnaies distinctes sont appelées « franc CFA ». Elles ont la même valeur. Cependant, elles ne sont pas interchangeables. Il existe deux zones monétaires juxtaposées :
– le franc de la communauté financière en Afrique, de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (huit membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine)
– le franc de la coopération financière en Afrique centrale, de la Banque des États de l’Afrique centrale (six membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale).
La composition de ces deux zones monétaires tient compte de certaines évolutions de l’histoire.
Certains États n’étaient pas des colonies françaises, comme le Cameroun et le Togo (allemands), la Guinée équatoriale (espagnole) et la Guinée-Bissau (portugaise). Le franc CFA circule aussi au Ghana et au Nigéria avec d’autres monnaies.
Le Trésor français a la haute main sur ces deux monnaies.

Les dispositifs militaires
Donc la Françafrique souffre surtout dans le domaine militaire. Comme nous l’avons vu, c’est le domaine où le « coup de torchon » anti-français en Afrique est le plus net. En quelques années, les pays du Sahel semblent se détourner de la France. Et même plus largement que le Sahel.
Après le Mali, successivement la Centrafrique, le Niger, le Burkina Fasso, dernièrement le Tchad, le Sénégal et enfin la Côte d’Ivoire exigent de la France le retrait de ses troupes et la fermeture de ses bases militaires. Il ne reste que le Gabon parmi les pays « occupés » militairement par la France.
C’est – du moins en apparence et en Afrique seulement – la fin d’une pratique qui date de 65 ans, depuis la décolonisation de 1960. Mais, ce sont en même temps des milliards d’euros d’économie pour le budget militaire français, milliards qui trouvent immédiatement une autre destination.
Il y a de nombreuses façons d’analyser cette réalité. Pour aller vite, la France impérialiste semble aligner ses pratiques sur celles de presque tous les autres pays impérialistes. Les pays de l’Union européenne n’ont pas de troupes « prépositionnées ». La Russie n’a pas de troupes extérieures officielles. Dans les pays non impérialistes, la Chine populaire n’a qu’une seule base à Djibouti.
Comme la France, la Grande Bretagne et les USA ont encore des pratiques de dissémination des forces armées dans le monde qui montrent leur engagement pour un conflit majeur mondial.
Conclusion
Il ne faut pas interpréter ce mouvement en Afrique comme un repli stratégique total. Les événements des derniers mois nous montrent deux secteurs de tension que l’impérialisme français veut se garantir : la Nouvelle-Calédonie et Mayotte.

Nous sommes dans le domaine de la ZEE (zone d’exploitation exclusive) de la France. Cette ZEE fait de la France la première puissance maritime du monde juste après ou à égalité avec les USA. L’Australie est le troisième détenteur de ZEE. La Grande Bretagne est huitième.
Comme le nom l’indique, ce sont des portions de territoire où l’on n’a nul besoin d’accord de gouvernements étrangers pour déployer une activité. Donc une activité militaire.
La position de la Nouvelle-Calédonie dans l’océan Pacifique montre son importance dans le cadre d’un affrontement avec la Chine populaire.
La position de Mayotte et des autres îles Éparses (c’est leur nom) du canal du Mozambique déterminent une situation de verrouillage total dudit canal.
L’impérialisme français ne prépare pas la guerre d’hier. Il prépare la guerre de demain. On a pour le moment un peu de mal à comprendre dans quel sens vont ou iront les États du Sahel et de l’Afrique subsaharienne.
Il est possible que l’impérialisme n’ait plus rien à y faire d’un point de vue militaire. Mais la maitrise de tous les outils économiques donne à l’ancienne puissance les outils pour maîtriser le développement économique et politique de ces pays.
Vive le communisme ! Vive la révolution mondiale !
Communistus
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