Le Ba'th syrien n’a jamais fait partie de l’Internationale socialiste
Bonjour,
Aujourd’hui commence l’an 4 de notre média communiste pour toute l’Europe. Le week-end dernier, nous avons rencontré un certain nombre de nos camarades lecteurs. Leur enthousiasme nous donne une nouvelle énergie pour l’année 2025 qui s’annonce !
A propos d’une fausse information : le parti Ba’th et l’internationale socialiste
Au cours de la dernière séance de propagande impérialiste dans les médias internationaux, tout ce qui existe de communiste en France a cherché en vain de conserver une raison de soutenir le « boucher de Damas ». C’est à cela que nous nous reconnaissons. Nous échangions avec dépit sur le sort de la Syrie, en critiquant l’appartenance du parti Ba’th à l’internationale socialiste, signe extérieur évident d’un régime qui n’aurait rien eu de populaire.
Seulement voilà, le parti Ba’th n’a jamais appartenu à l’internationale socialiste. C’est une fausse information qui s’est diffusé dans nos rangs. La source ? L’algorithme de Google qui « résume » les informations. Nous avons collectivement fait preuve d’une grande imprudence !
Nous n’écrivons pas cela pour parader ou nous flageller. Cette expérience doit nous servir de leçon. Cet argument contre la Syrie n’en est pas un. Nous savons maintenant pourquoi en perdant la Syrie populaire nous avons réellement perdu un allié non seulement anti-impérialiste mais franchement socialiste.
Histoire du parti Ba’th
Irak & Syrie
L’Irak et la Syrie sont au cœur de la civilisation humaine, du moins à l’ouest de l’Eurasie. Avec l’invention de l’écriture cunéiforme vers 3 000 avant notre ère, ce sont plus de cinquante siècles d’histoire qui s’y déroulent. Le morcellement des langues, des pensées et des populations est à l’image d’une histoire foisonnante, toujours passionnante.
Cinquante ans de mensonges éhontés
De 1958 à 1961, la brève expérience de la RAU (république arabe unie) entre l’Égypte et la Syrie est synchrone avec la fondation de la Ve République gaulliste en France et la poursuite de la guerre d’Algérie.
Les idées panarabes du président égyptien Gamal Abdel Nasser accélèrent la pensée libératrice et créent la malheureuse fiction d’une unité de la « Nation arabe ».
La Révolution du 8 mars (1963) est la prise du pouvoir en Syrie par la branche syrienne du parti Ba’th. La conspiration syrienne a été inspirée par la réussite du coup d’État de la branche irakienne du parti Ba’th en février 1963.
Ce parti Ba’th syrien est franchement socialiste et influencé par le communisme. L’aide multiforme de l’Union soviétique pousse dans ce sens. À ce moment, la Syrie et son parti dirigeant entrent dans la « zone noire » de la guerre froide. Le mensonge est de rigueur.
En 1966, le groupe de Salah Jadid prend la direction de la Syrie . C’est le plus radical du mouvement Ba’th qui provoque la coupure définitive avec la partie irakienne.
En 1970, Hafez El-Assad, ministre de la défense, devient président. Il lutte résolument contre les « frères musulmans ». Le 7 juillet 1980, la loi déclare : « Est considéré comme criminel et sera puni de la peine capitale quiconque est affilié à l’organisation de la communauté des Frères musulmans ».
En 2000, Bachar El-Assad, fils d’Hafez El-Assad, devient président de la Syrie pour sept ans. Il est réélu à la présidence de la Syrie en 2007 et en 2014. Ce n’est donc en aucun cas un « dictateur » ou un « usurpateur ».
Le socialisme syrien et la fin de l’URSS
Il faudrait longuement discuter sur le « socialisme ». Il est assez clair que l’expérience de la Syrie est loin – au bout du compte – de la « dictature du prolétariat » instaurée en Russie soviétique en 1917.
La faction radicale de Salah Jadid (qui prend le pouvoir en 1966) met en place des nationalisations massives et « soviétise » un peu l’économie syrienne. Il provoque le mécontentement de quelques néo-Ba’thistes et des militaires syriens.
En 1970, après l’éviction de Salah Jadid, Hafez el-Assad porte le socialisme à un modèle d’économie mixte. Il organise le développement de la République arabe syrienne.
Mais la « désunion soviétique » en 1990-1991 crée un déséquilibre profond de l’organisation internationale surtout parmi la partie progressiste de l’opinion.
Depuis les années 1970, des plans quinquennaux – non contraignants – orientent l’activité économique. Le XIe plan 2011-2015 n’a eu qu’une existence symbolique et éphémère.
Parallèlement à la Chine populaire, Bachar el-Assad, à partir de l’an 2000, met en place avec le parti Ba’th une politique de croissance économique en conservant les principes du socialisme.
L’agression de 2011
Le « printemps arabe » de 2011 se lit comme l’agression plus ou moins coordonnée des républiques arabes par les forces impérialistes. Il n’y a ni suivi ni égalité entre les différents « printemps ». Mais on sent qu’une violence particulière a présidé à celui de la Libye et à celui de la Syrie. Il s’agit de mettre un terme aux deux expériences les plus radicales. L’expérience socialiste de république populaire de la Jamahiriya libyenne du président Mouammar Kadhafi. Le président libyen est assassiné par la France. La Libye est envahie et divisée, par la France impérialiste et l’OTAN.
En Syrie, la conjonction de forces islamistes au nord et au sud, dirigée par les États-Unis, l’Arabie saoudite – qui mène l’Organisation de la coopération islamique – et la Turquie. Il a fallu treize ans à cet attelage réactionnaire pour détricoter le socialisme syrien. La réforme agraire a tenu. La réforme monétaire a tenu.
Le 12 décembre 2024, « après plus de 50 ans au pouvoir, le parti Ba’th annonce la suspension de ses activités jusqu’à nouvel ordre ». Ce n’est pas une suspension définitive. Bachar Al-Assad a quitté la Syrie sans s’avouer vaincu. Ses partisans luttent, encore et toujours, contre toutes les factions islamistes financées par les impérialistes.
Une lecture nouvelle du coup d’Etat de décembre 2024
À force d’y travailler, nous avons réussi à faire émerger deux nouvelles conclusions à notre numéro 245 sur la Syrie populaire.
Défendre résolument la Syrie populaire
Un pays dominé qui résiste aux attaques impérialistes doit être défendu par les communistes du monde entier. Si ce pays résiste à l’impérialisme, c’est que non seulement son peuple résiste, mais aussi que ses dirigeants résistent. Si ce pays résiste à l’impérialisme, c’est qu’il embrasse, à quelque niveau que ce soit, le socialisme.
En l’occurrence, pendant treize ans, le peuple syrien a résisté à l’impérialisme sous la direction socialiste du président Assad et du parti Ba’th. Il est grand temps que nous, communistes, en soyons assurés. Il est grand temps que nous, communistes, luttions contre la propagande impérialiste sur la Syrie populaire. Il est grand temps que nous soyons convaincus que le président Assad ne mérite en rien l’épithète de « boucher de Damas ». C’est notre devoir de le défendre, c’est notre fierté qui est en jeu, c’est notre révolution qui en dépend.
Quand la Syrie sera-t-elle réunifiée ?
On a présenté le coup d’Etat en Syrie comme la conclusion de la période qui s’est ouverte au printemps 2011. Cette lecture n’est vrai qu’à condition de penser que les islamistes vont réaliser la réunification de la Syrie.
Or, il est peu probable qu’ils y parviennent. Si tel était leur volonté, ils ne pourraient pas la réaliser sans être reversé par les impérialistes. Mais le plus probable est qu’ils ne le veulent pas. Ainsi ce coup d’Etat apparait non comme une conclusion, mais comme une poursuite de l’agression de 2011.
On ne peut pas le voir comme un aboutissement non plus. La Syrie est plus divisée que jamais. Ce coup d’Etat ne règle rien. Le peuple syrien continue toujours de lutter pour la liberté et la réunification de la nation syrienne. Pour réaliser ses objectifs, il faudra que le peuple gagne sa lutte contre les impérialistes et ses alliés.
Joyeuse année révolutionnaire 2025 !
Communistus
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