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fondé par Michèle Mestre
19 novembre 2024

Histoire du PCF : notre camarade Georges Guingouin

Bonjour,

Aujourd’hui, Jean-François et Laurence - Lolo et Jeff - nous montrent le chemin du débat sur l’histoire du PCF à travers l’histoire de notre camarade Georges Guingouin.

La vie de Georges Guingouin n’est pas celle d’un simple résistant. Georges Guingouin n’est pas de ceux qui se sont retrouvés, sans rien y comprendre, à devoir résister aux nazis et à leurs collaborateurs. Georges Guingouin était communiste, tel que Lénine l’était. Son ennemi n’était pas l’Allemagne, pas même le nazisme, mais bien l’impérialisme. C’est contre tous les impérialistes - nazis, pétainistes, gaullistes - qu’il s’est battu. Son combat était celui d’un révolutionnaire professionnel : il organisait la lutte armée pour jeter les bases d’une France communiste.

Son action unique a forgé sa réputation au sein du peuple. Cependant, sa popularité faisait de l’ombre à la direction du PCF. Son combat n’était évidemment pas celui de Maurice Thorez et de Jacques Duclos. Eux travaillaient sournoisement à la restauration de l’impérialisme français. L’affaire Guingouin a scellé le sort de Georges et celle de notre histoire collective - pour le moment.

Georges Guingouin (1913-2005)

Georges Guingouin à la ronéo

Georges Guingouin à la ronéo

Légende dorée

En 1940, à 27 ans, Georges Guingouin est parmi les premiers en France à organiser un maquis. Situé dans les forêts limousines, ce maquis devient l’un des plus grand maquis de France. Il signe alors ses ordres sous le nom de « préfet du maquis ». Il dirige habilement les opérations de sabotage et de soulèvement. Il affronte la police vichyste, la milice et l’armée nazie.

Très vite, un conflit l’oppose à la direction du parti communiste clandestin, qui voit en lui un « fou qui vit dans les bois ». Il n’obéit qu’à sa conscience et à son intelligence politique, au mépris des consignes du parti. Le parti va jusqu’à envoyer un tueur pour tenter de le liquider.

En 1944, il libère Limoges sans effusion de sang. À la Libération, il se dit qu’il impose une « république soviétique dans les monts du Limousin ».

De 1945 à 1947, il est maire de Limoges. Il joue un jeu subtil avec la légalité républicaine. Subtil mais révolutionnaire.

Georges Guingouin, préfet du maquis

La vengeance des socio-démocrates

Tout est mis en œuvre, pendant et après la guerre, pour que ce grand résistant paie cher son insubordination. Beaucoup d’anciens « collabos » ou de pseudo résistants essaient de faire passer Guingouin pour un tueur et un bandit.

En novembre 1944, il réchappe d’une tentative de meurtre maquillée en accident de voiture. Maurice Thorez, de retour de Moscou, en visite à Limoges, refuse de lui rendre visite à l’hôpital.

En 1947, le parti organise la défaite de Georges Guingouin aux élections municipales de Limoges malgré l’immensité du soutien populaire. Maurice Thorez, secrétaire général du PCF, lui reproche d’avoir augmenté le prix du ticket de tram à Limoges. En réalité, c’est sa popularité, son indépendance politique et ses objectifs révolutionnaires qui lui sont reprochés.

Pour cela, il est exclu du PCF en 1952, la même année qu’André Marty.

Par ailleurs, il se retrouve impliqué sous de fausses accusations dans diverses affaires judiciaires. En février 1954, il est emprisonné, tabassé par les matons et laissé pour mort. Il met deux mois à se rétablir, avant d’être libéré. Il est de nouveau emprisonné en 1956. En définitive, il a gagné tous ses procès.

En 1954, il s’exile dans l’Aube et redevient instituteur. Il meurt en 2005 sans avoir jamais courbé l’échine. Sa vie éclaire les tensions d’une violence prodigieuse qui naissent entre un idéal révolutionnaire et l’opportunisme politique.

Défaite révolutionnaire

Comment un tel militant, toujours à l’avant-garde depuis juin 1940 pour combattre l’impérialisme a-t-il pu être suspecté et inquiété pour des crimes qu’il n’avait pas commis ?

Tout simplement parce qu’il a refusé d’obéir à des ordres émanants de la direction clandestine du parti communiste. Nous reviendrons bientôt très en détail sur le rôle éminemment néfaste de Léon Mauvais.

Deux jours après le débarquement allié, ç’aurait été un massacre comme cela se passa à Tulle les 8 et 9 juin 1944. En agissant en conscience, Georges Guingouin a sauvé des vies et l’avenir immédiat du peuple et de sa révolution.

Georges Guingouin a eu sous ses ordres huit milles combattants. Ces combattants de l’ombre du Limousin, formés rapidement au maniement du bazooka qui, aux premiers ronronnement de moteur des chars ennemis, n’hésitaient pas à sortir « à quatre pattes » de derrière une haie, afin d’arrêter, de leurs mains, l’orgueil de l’empire hitlérien : la division « Das Reich ».

Cette même division n’arrive pas à l’heure prévue sur le front de Normandie, ce qui permet aux « alliés » de continuer leur grande offensive.

Guingouin est un modèle.

Comment le Parti communiste a-t-il pu ne pas saisir l’occasion politique de 1944 ? Quand les nazis reculent et disparaissent, il est le seul parti à la tête d’une résistance populaire importante, dirigée par des cadres politiques compétents. Nous aurons à faire des fiches précises sur les camarades André Marty, Charles Tillon, colonel Henri Rol-Tanguy et des dizaines d’autres. Beaucoup ont été éliminés politiquement, d’autres ont été détournés de leur mission politique vers de fausses perspectives… C’est ainsi que le créneau révolutionnaire est passé.

La seule chose que l’on pourrait déplorer de la vie de Georges Guingouin c’est d’avoir été trop fidèle à la tradition marxiste du parti : le parti a toujours raison. Ce n’est pas vrai : le parti n’a raison que s’il prépare la révolution.

Ceux-là même qui ont contribué à l’avilissement de ce grand héros de la Résistance l’ont discrètement réhabilité à la fin des années 1990. Ce serait un comble si Robert Hue et Marie-Georges Buffet avaient eu l’intelligence de reconnaître cette erreur. Mais c’était en réalité une perfidie supplémentaire, visant à enterrer définitivement l’affaire, en apaisant les mémoires contraires. Le parti n’aura reconnu son erreur et réparé sa défaite que le jour où nous, le peuple, prendrons le pouvoir, en France et en Europe, et établirons le communisme.

Comment « apprendre » Georges Guingouin ?

Avec Lolo, nous avons pensé qu’il n’était pas utile de reprendre intégralement dans Communistus les documents sur Georges Guingouin. Le mieux, c’est que chaque camarade aille puiser les informations aux sources. Il y a d’abord deux articles très faciles d’accès :

Nous avons sélectionné également quelques ouvrages parmi un grand nombre. Notre choix ne correspond pas à une échelle des mérites.

Biographies de Georges Guingouin

Biographies de Georges Guingouin

Ce texte servira de base à la motion que nous porterons au 40e congrès du PCF.

Vive la révolution ! Vive le parti communiste !

Communistus


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