France-Maroc : l'alliance dévastatrice
Bonjour,
À quelques heures de la fin du « suspense mondial » autour de l’élection présidentielle des USA (5 novembre 2024), nous savons que l’impérialisme US va se donner un tout nouveau visage pour les quatre ans à venir (2025-2028). Que ce soit Kamala Harris ou Donald Trump, l’impérialisme US reste l’impérialisme US. Nous n’avons pas de préférence.
L’économie impérialiste de la France
En France, l’impérialisme prend un visage de comédie de théâtre. Le président Macron a choisi d’infantiliser le débat politique. Avec son passe-passe de dissolution de la chambre et de renouvellement, il a obtenu un regroupement des forces de la chambre des députés en trois parties (RN, centre-droit et NFP) de valeur numérique sensiblement égale. Nul ne peut prendre l’avantage. Macron et son ministre le grand Barnier sans projets apparents amusent la galerie avec le projet de budget 2025. Une des plus grandes puissances économiques du monde, la France, se déchire, s’entredévore à belles dents sur la nécessité de trouver 50 milliards d’économie. Autant dire, rien du tout.
La France « possède » quatre groupes bancaires dits « global systemically important banks » (banques systémiques) par le Conseil de stabilité financière mondial. Ce sont BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole et BPCE. C’est la moitié des banques systémiques mondiales. L’autre moitié est constituée de banques US. Chacune d’elles pourrait mettre en péril l’équilibre économique mondial en cas de manquement. C’est ce qui permet à l’impérialisme français - à l’égal de l’impérialisme étasunien - de jouer avec des milliers de milliards d’euros et de dollars de dettes. Ces groupes bancaires systémiques sont ceux qui possèdent la dette publique française et mondiale. Prend peur qui veut.
Ce ne serait que de la comédie de théâtre si - pendant ce temps - le monde ne prenait pas une tournure guerrière, surtout en Palestine et au Liban.
On ne sait pas exactement quand les deux grands groupes impérialistes vont se voler dans les plumes. Mais il est évident que cela va avoir lieu.
L’enjeu africain : la France contre l’Algérie
À l’invitation de Mohammed VI, Emmanuel Macron a effectué une visite d’État au Maroc du 28 au 30 octobre 2024. Elle s’inscrit dans « l’ambition de refondation du partenariat d’exception qui lie les deux pays ». La France et le Maroc entretiennent des relations diplomatiques denses et un dialogue régulier depuis les années 1990. Mohammed VI est roi depuis 1999.
Dans le communiqué final de la visite, Macron souligne : « Je considère que le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine. […] Pour la France, l’autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue. Notre soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007 est clair et constant. Pour la France, celui–ci constitue désormais la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. »
Le quotidien Le Monde estime que « le discours d’Emmanuel Macron à Rabat érige le cas marocain en bon exemple de mémoire de la colonisation ». C’est occulter la violence de la conquête et de la décolonisation du Maroc. Surtout, c’est se démarquer de l’expérience de l’Algérie voisine. Macron veut faire du Maroc un contraire de l’Algérie. Dix-huit accords économiques publics et privés ont été signés pour une montant de dix milliards d’euros (Synthèse des accords économiques signés dans le cadre des rencontres entrepreneuriales Maroc-France, Rabat, le mardi 29 octobre 2024, sur le site de l’Élysée).
L’unité du Maghreb
Une intense bataille politique et diplomatique oppose le projet de l’UMA et celui de l’union Algérie-Tunisie-Libye (qui n’a pas encore de nom précis).
Le 17 février 1989 est signé au palais royal de Marrakech par cinq chefs d’État le Traité constitutif de l’Union du Maghreb arabe (UMA) : Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie. Le Sahara occidental était alors encore une colonie espagnole. La Libye était un État révolutionnaire et socialiste dirigé par Mouhammar Kadhafi, assassiné par la France et ses alliés de l’OTAN en 2011. L’UMA ne s’est plus réunie depuis 1994. Mais elle continue à se doter de secrétaires généraux.
L’initiative de lancer l’union Algérie-Tunisie-Libye a été prise, par le président algérien Abdelmajid Tebboune, au sommet de la Ligue arabe de novembre 2022 à Alger. Une première réunion a eu lieu en mars 2024 à Tunis. Une prochaine réunion doit avoir lieu en Libye à la convocation du président libyen Younes Al Menfi.
Les fake-news fusent côté marocain. La Libye aurait délégué un envoyé au Maroc. La Mauritanie, qui s’est fortement rapprochée de l’Algérie (routes, pêches) ces derniers mois, n’est pas dans le projet. Et il est certain que depuis l’écartèlement militaire de 2011, la Libye est un pays divisé très profondément.
En même temps que son choix dévastateur de soutenir la position marocaine sur le Sahara occidental, la France choisit donc l’UMA contre l’union Algérie-Tunisie-Libye.
Le devoir des révolutionnaires français n’est pas d’apaiser les tensions que l’impérialisme français provoque. Ce n’est pas non plus de proposer des solutions temporaires à l’horreur. Notre devoir est de nous préparer à la guerre qui vient. Identifier ses frères et soeurs d’armes. Le combat du peuple algérien pour sa liberté n’est pas fini. Il ne prendra fin que lorsque la métropole coloniale aura elle-même fait sa révolution. Voilà notre devoir fraternel envers le peuple algérien, le peuple sahraoui, le peuple palestinien et envers nous-mêmes.
Vive la révolution algérienne !
Vive la révolution sahraoui !
Vive la révolution palestinienne !
Vive la révolution français - d’hier et d’aujourd’hui !
Communistus
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