1943 : trahison et exécution de Davidovitch
Bonjour,
Paul-Amour travaille à l’histoire du PCF depuis le 37e congrès… Cela fait partie d’une gros travail sur l’histoire du communisme en France et en Europe depuis le début.
Cette année, nous avons beaucoup parlé des FTP-MOI, des 23 et de Missak Manouchian. C’est un histoire édifiante et très dure. Mais nous avons pensé qu’il était bon de rappeler les circonstances de la lutte des communistes. Les résistants étaient exécutés par les ennemis de classe : c’est le cas de Manouchian.
Les traitres étaient exécutés par le parti communiste. Cela se passait ainsi.
Trahison et exécution de Joseph Davidovitch, commissaire politique des FTP-MOI
Nous nous servons des articles autour d’un film de l’Institut national de l’audiovisuel – Diffusion 22 févr. 1994 / événement 1943 - Repris en 2024.
Trois acteurs des FTP-MOI ont survécu à l’Occupation nazie, Simon Rayman, Boris Holban et Cristina Boïco. Deux d’entre eux évoquent les conséquences de l’arrestation et de la trahison de Joseph Davidovitch dans le démantèlement de l’organisation en novembre 1943.
Contexte historique et politique
Spécialisées dans la traque des communistes depuis leur institution à l’automne 1939, juste après l’interdiction du parti communiste, les Brigades spéciales des Renseignements généraux de la préfecture de police de Paris voient leurs moyens considérablement renforcés par le régime de Vichy.
Elles orientent en 1943 leurs recherches vers les organisations communistes les plus impliquées dans les attentats contre les forces allemandes et ciblent surtout les FTP-MOI.
Plusieurs filatures leur permettent de repérer et de « loger » un certain nombre de combattants de l’organisation, sans toutefois connaître leur identité.
Repéré à Ivry-sur-Seine, Joseph Boczov figure par exemple dans les rapports de police sous le nom d’« Ivry ». Il est filé le 24 septembre 1943, lorsqu’il rencontre à Bourg-la-Reine Missak Manouchian, qui est pour la première fois repéré par les Brigades spéciales et devient « Bourg ».
Le 26 octobre, la BS 2 des Renseignements généraux arrête à Conflans-Sainte-Honorine l’un des membres de la direction des FTP-MOI de la région parisienne, Joseph Davidovitch. Ce militant communiste polonais arrivé en France en 1925 après avoir fui son pays d’origine, exerce la double fonction de commissaire politique et de trésorier des FTP-MOI de la région parisienne.
Il participe donc à ce titre au triangle de direction de l’organisation, aux côtés de Missak Manouchian, le responsable militaire.
Une perquisition à son domicile, rue Auguste Blanqui, à Choisy-le-Roi, permet aux policiers de découvrir différents documents : des tracts, mais aussi des listes d’effectifs et des rapports d’activités des FTP-MOI.
Un document se révèle particulièrement important pour les enquêteurs : une liste datée de septembre 1943 comportant tous les membres des différents détachements de la FTP-MOI avec les premières lettres de pseudonymes et numéros de matricule.
Ayant subi plusieurs interrogatoires musclés, Davidovitch craque et livre aux policiers l’intégralité des noms qui correspondent aux numéros de matricules.
Les Brigades spéciales peuvent ainsi mettre une identité sur les différents pseudonymes qui étaient utilisés jusqu’alors dans leurs rapports pour qualifier les combattants de la FTP-MOI et qui prenaient pour référence les lieux où ils avaient été repérés.
Après avoir été transféré à Fresnes, Davidovitch est libéré, sans doute contre la promesse de continuer à trahir ses anciens camarades pour le compte des Brigades spéciales. Alors qu’il explique s’être évadé pour reprendre sa place au sein de l’organisation clandestine, Davidovitch est très vite soupçonné d’avoir trahi.
Simon Rayman, le jeune frère de Marcel, l’un des membres de l’équipe spéciale, a été arrêté lors du coup de filet opéré par les Brigades spéciales en novembre 1943. Emmené dans les locaux de la préfecture de police, il a pu assister aux interrogatoires. L’un des combattants FTP-MOI arrêté lui glisse que la trahison de Davidovitch est à l’origine de l’arrestation du groupe. Simon revient du camp de Buchenwald où il est interné 18 mois.
Boris Holban était le chef militaire des FTP-MOI avant que Missak Manouchian ne lui succède en août 1943. Il reprend cette fonction après l’arrestation de Missak le 16 novembre.
Cristina Boïco était responsable du service de renseignement des FTP-MOI.
L’exécution
Boris Holban et Cristina Boïco jouent un rôle important dans l’exécution de Davidovitch le 28 décembre 1943. Ils disent comment était organisée l’élimination des traîtres par les services spéciaux du Parti communiste. Celui qui est soupçonné est convoqué à une réunion du Parti qui se transforme en un interrogatoire musclé pour lui faire avouer sa trahison.
Une sorte de tribunal improvisé prononce ensuite une condamnation à mort, immédiatement suivie de l’exécution. Plusieurs dizaines de traîtres ou de renégats du Parti furent éliminés de la sorte par l’appareil communiste sous l’Occupation.
Les conditions de la lutte peuvent être très dures. Il vaut mieux être endurci avant l’épreuve.
Vive la révolution communiste.
Communistus