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fondé par Michèle Mestre

18 juillet 2024 · no 205

Congrès des colonies françaises à Bakou (17-18 juillet 2024)

Bonjour,

CONGRÈS DES COLONIES FRANCAISES

Les 17 et 18 juillet 2024, le Congrès des colonies françaises s’est réuni à la salle Nizami Gandjavi de l’Hôtel Fairmont à Bakou (Azerbaïdjan). Organisé par l’ « Union populaire pour la libération de la Guadeloupe », avec le soutien du Groupe d’Initiative Bakou, le congrès a réuni des dirigeants de plus de 15 partis politiques et mouvements indépendantistes provenant de Corse, de Mélanésie, de Polynésie, des Caraïbes et des Antilles, ayant souffert du colonialisme français.

Carte des colonies françaises
Carte des colonies françaises

Les quinze colonies françaises sont :

  1. Saint-Pierre et Miquelon
  2. Saint-Martin
  3. Saint-Barthélemy
  4. Martinique
  5. Guadeloupe
  6. Guyane
  7. Mayotte
  8. La Réunion
  9. Polynésie
  10. Nouvelle Calédonie
  11. Wallis et Futuna
  12. Îles Crozet
  13. Îles Saint-Paul et Amsterdam
  14. Îles Kerguelen
  15. Terre Adélie

Des représentants de la Corse étaient également présents. Trois organisations des îles de Bonaire et de Saint-Martin, colonies néerlandaises, ont assisté en tant qu’invitées d’honneur aux travaux du Congrès.

Parmi les participants :

  • Mickael Forrest, ministre calédonien en charge des relations extérieures
  • Isabelle Kaloï, membre du Congrès de la Nouvelle-Calédonie
  • Maria Isabella Saliga-Lutovika, une parlementaire de la Nouvelle Calédonie
  • Jean-Jacob Bicep, ancien eurodéputé guadeloupéen et secrétaire général de l’Union Populaire pour la Libération de la Guadeloupe (UPLG)
  • Victor Maamaatuaiahutapu, représentant du Tavini, parti indépendantiste de Polynésie française

Prenant la parole, le président de l’Union populaire pour la libération de la Guadeloupe, Jean-Jacob Bisep a déclaré que : « Le Groupe d’Initiative de Bakou (GIB) est une organisation créée pour la libération des peuples vivant dans des conditions coloniales. La première conférence pour la libération des colonies françaises a eu lieu en 1986 et la seconde en 1995. Nous avons des objectifs clairs en direction de la liberté. Cette conférence nous permettra également de nous rapprocher de la liberté. Les organisations politiques des anciennes colonies de France tentent d’attirer l’attention sur les dégâts que nous cause ce pays. La France est un pays où sont commis des crimes contre les colonies. Ce mouvement nous unit et revêt une grande importance dans notre rapprochement. La communauté internationale doit comprendre les souffrances de nos peuples, ou plutôt des peuples vivant dans des conditions coloniales. Nous poursuivrons notre lutte en renforçant la solidarité et en montrant notre volonté sur ce chemin difficile. »

Le ministre des Affaires étrangères de Nouvelle-Calédonie, Mickaël Forest, a dit : « Nous ne pouvons trouver une solution à ces problèmes qu’avec des discussions au sein du congrès. Le groupe d’initiative de Bakou nous a donné une telle opportunité. Nous devrions évaluer cette opportunité extrêmement bien et utilement. Nos principales ambitions politiques doivent être réalisées. Nous devons contribuer à la construction du nouvel ordre mondial et trouver notre place dans ce monde. Nous avons le droit d’être pleinement souverains par rapport à la France. »

Prenant la parole au Congrès des colonies françaises, le directeur exécutif du Groupe d’initiative de Bakou, Abbas Abbassov, a dit : « Lors des récentes émeutes en Nouvelle-Calédonie, des membres du mouvement indépendantiste ont été interpellés, illégalement, par la police française. Ils ont été traités comme des terroristes, clandestinement emmenés à Paris et soumis à diverses tortures. » Abbas Abassov a déclaré que le Groupe d’initiative de Bakou aidera les familles des prisonniers politiques et les avocats qui les défendent. Il a également annoncé l’octroi de bourses à des étudiants des territoires colonisés par la France.

Une vidéo sur le chemin réussi parcouru par le Groupe d’initiative de Bakou pendant un an a été projetée. Le directeur exécutif Abbas Abbassov a fait une brève présentation sur le bilan de l’activité d’un an du Groupe d’initiative de Bakou pour les participants du Congrès.

Le Congrès a poursuivi ses travaux avec des discussions portant sur le thème « L’émergence du Front international de libération ». Le Congrès a permis aux partis participants de s’organiser dans la lutte pour l’indépendance, ainsi que de discuter des moyens de se coordonner, en créant une plateforme unique, l’action axée sur les résultats pour vaincre le colonialisme français. Les représentants des colonies ont discuté des pratiques et des stratégies les plus efficaces dans la lutte pour l’autodétermination. Le congrès a contribué à sensibiliser la communauté internationale aux nombreux crimes et actions illégales commis dans les colonies par le gouvernement français contre les peuples autochtones propriétaires de ces territoires, et à attirer l’attention sur le problème du colonialisme, l’un des fléaux du XXIe siècle.

Le Groupe d’Initiative de Bakou (GIB) a été créé par les participants de la conférence « Dans la direction de l’élimination totale du colonialisme » le 6 juillet 2023 à Bakou dans le cadre de la réunion ministérielle du Bureau de coordination du Mouvement des non-alignés.


LE PARTI TAVINI (POLYNESIE)

Le Tāvini huiraʻatira (Servir le peuple). Nom complet Tāvini huiraʻatira nō te ao māʻohi - FLP (Servir le peuple autochtone), dit aussi Tāvini ou Tavini. Parti polynésien, fondé et dirigé par Oscar Temaru, en 1977 comme Front de libération de la Polynésie (FLP). Il veut l’indépendance de la Polynésie française. Membre de la coalition Union pour la démocratie (UPLD). À l’Assemblée de la Polynésie française en 2013, l’UPLD obtient 11 représentants (sur 57), dont 9 du Tāvini huiraʻatira. En 2023, il a 38 représentants sur 57. Leur député (un sur trois) est inscrit au groupe communiste à Paris.

Il est clair que les forces de l’indépendance sont majoritaires en Polynésie “française”. Le 7 mai 2024, le Tavini huiraatira a invité la presse pour expliquer la coopération avec le Groupe d’Initiative de Bakou (GIB). C’est une ONG « qui lutte contre les pratiques colonialistes », créée en 2023 à Bakou en Azerbaïdjan. Les membres du Tāvini sont à Bakou en mai 2024. Ils y retournent les 17 et 18 juillet 2024, à l’occasion du Congrès des colonies françaises. Y assistent le secrétaire général du Tāvini, Vito Maamaatuaiahutapu, le directeur de cabinet de Tony Géros à l’assemblée, Richard Tuheiava. L’objectif est de créer une “plateforme unique” pour “vaincre le colonialisme français”.

Lors de son premier passage à Bakou, Vito Maamaatuaiahutapu ne représentait que sa formation politique. Cette fois, c’est le drapeau de la Polynésie française qui était utilisé, preuve que c’est la Polynésie qu’il représentait à cet événement.


ATTENTAT RACISTE À NICE

Dans la nuit du 17 au 18 juillet 2024, trois hommes sont entrés par effraction dans un immeuble à Nice. Ils ont mis le feu à trois étages du bâtiment avant de s’enfuir. Résultat : sept morts. Nous constatons encore une fois le résultat des discours et des actes politiques racistes.

L’Etat impérialiste porte une lourde responsabilité dans le développement de ces crimes. Eric Ciotti, député de cette circonscription l’alimente aussi par ses discours sur le communautarisme et sa politique tout-sécuritaire. Evidemment, tout cela n’a rien empêché. Les caméras de surveillance n’ont rien pu faire contre les incendiaires.

Les quartiers populaires sont abandonnés par la République. Ils tombent parfois aux mains de mafia. Mais l’avenir de nos quartiers ne se trouve ni dans une République qui ne veut pas de nous ni dans une organisation mafieuse. Nous, communistes, pensons qu’il est grand temps que le peuple s’organise pour protéger nos frères et sœurs exposés au racisme.

Liberté pour les colonies de l’impérialisme français ! Liberté pour les quartiers populaires ! Vive la révolution !

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