Palestine : unité nationale en danger, résistance victorieuse
33e sommet de la Ligue arabe
Lors 33e sommet de la Ligue arabe, qui s’est tenu à Manama (Bahreïn) le 15 mai 2024, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a accusé le Hamas d’avoir « donné des prétextes » à Israël pour attaquer la bande de Gaza, en proie à une agression meurtrière depuis plus de sept mois. Il a déclaré : « L’opération militaire menée unilatéralement par le Hamas ce jour-là, le 7 octobre, a donné à Israël davantage de prétextes et de justifications pour attaquer la bande de Gaza, tuant, détruisant et déplaçant des centaines de milliers de personnes », Par une telle déclaration, Abbas compromet gravement l’unité politique et militaire de la résistance palestinienne.
Sur le terrain se battent ensemble les brigades du Hamas, du Jihad islamique, du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et du Fatah.
Les brigades du Fatah ont pris position contre la déclaration d’Abbas : « Cette déclaration poignarde la résistance dans le dos, en adoptant le récit de l’occupant et légitimant les meurtres et les violations de notre peuple et de notre honneur. Cette déclaration traîtresse n’est rien d’autre qu’un poignard sioniste planté dans le dos de la Palestine, de son peuple inébranlable, et de sa noble résistance qui a tout donné pour défendre notre terre et la voie [Al-Aqsa] de notre prophète bien-aimé, que la paix soit sur lui. »
Le Hamas a quant à lui déclaré que les actes de résistance du 7 octobre « ont placé notre cause palestinienne au sommet de l’ordre du jour, nous permettant ainsi de réaliser des gains stratégiques ». Il a également salué l’appel de la Ligue arabe à un cessez-le-feu « immédiat » à Gaza et a exhorté « les États arabes frères à prendre les mesures nécessaires pour forcer l’occupant à mettre fin à son agression ».
Le sommet de la Ligue arabe demeure dans l’incapacité d’adopter une ligne politique et militaire de soutien franc à la lutte de libération nationale palestinienne. La déclaration de Manama appelle « à la mise en place d’une force de maintien de la paix des Nations unies en Cisjordanie et à Gaza », ainsi qu’à l’organisation d’une « conférence internationale (…) pour résoudre la question palestinienne sur la base de la solution à deux États ». Autant dire qu’ils campent sur les positions pacifistes impuissantes des accords d’Oslo. Par ailleurs, la déclaration exhorte « toutes les factions palestiniennes à s’unir sous l’égide de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) » et précise qu’elle considère l’OLP comme « le seul représentant légitime du peuple palestinien ».
Déclaration inique du Comité national de boycott
Le comité national de boycott de Ramallah a publié le 14 mai 2024 un communiqué intitulé « Soutenir les mobilisations de solidarité étudiantes dans leurs revendications de boycott, de désinvestissement et contre la répression ». À la fin de ce communiqué, le comité national prend parti contre la lutte armée :
Faut-il “défendre le droit à la résistance armée” ou bien “plaider pour la résistance armée” ?
Il convient de réitérer que dans notre plaidoyer international en faveur de la libération palestinienne, nous avons toujours défendu le droit reconnu par l’ONU du peuple autochtone de Palestine à résister au colonialisme de peuplement et à l’occupation militaire par tous les moyens, y compris la résistance armée, tout en respectant pleinement l’interdiction du droit international de viser les civils. La défense de ce droit internationalement reconnu, bien que toujours controversé dans les contextes occidentaux, est juridiquement et éthiquement irréprochable et ne nuit pas au mouvement de solidarité ni n’entre en conflit avec le caractère non-violent de la campagne BDS, y compris les campagnes de désinvestissement.
Cependant, le plaidoyer en faveur de la résistance armée palestinienne a été largement criminalisé par l’Occident colonial, complice d’Israël. Par conséquent, les coalitions et réseaux palestiniens représentatifs ne font appel à aucun groupe ou coalition de solidarité pour plaider en faveur de la résistance armée palestinienne, lancer des slogans ou soutenir d’une autre manière.
Nous reconnaissons que prôner la résistance armée dans l’Occident colonial nuirait probablement au mouvement de solidarité avec la Palestine, d’autant plus qu’il est utilisé par les autorités répressives anti-palestiniennes et les médias pro-apartheid comme « preuve » d’incitation à la violence, de discours de haine ou de soutien aux groupes « bannis ». Cela exacerbe la répression et facilite par inadvertance la tentative de criminalisation du mouvement de solidarité avec la Palestine dans toutes ses diverses mobilisations, aliénant ainsi les alliés. En outre, cela détournerait l’attention des revendications palestiniennes consensuelles du mouvement de solidarité énoncées ci-dessus.
La construction d’un mouvement consiste nécessairement à attirer de nouvelles personnes et de nouvelles idées, à grandir ensemble, à créer des espaces sûrs pour une solidarité efficace et significative qui se soucie de la sécurité personnelle et protège le mouvement d’une répression évitable. Ce n’est qu’en construisant ce mouvement de solidarité de cette manière, en adoptant et en s’engageant sur nos points d’unité, que nous pourrons radicalement inverser la tendance vers la libération palestinienne.
Après avoir suscité l’ire de l’espace politique palestinien et international, ce passage du communiqué a été discrètement supprimé.
En réponse au communiqué original, le FPLP a publié le 16 mai 2024 une déclaration :
La déclaration du Comité national de boycott sur la résistance armée contredit la légitimité de notre peuple à pratiquer la résistance et ignore l’état de consensus autour de celle-ci.
Au Front populaire de libération de la Palestine, nous rejetons cet appel à ne pas soutenir les forces internationales qui promeuvent la lutte armée du peuple palestinien. Nous apprécions toutes les positions, forces et personnalités qui expriment leur soutien à la résistance palestinienne face à la guerre de génocide et au colonialisme sioniste.
Le Front considère qu’exprimer clairement son soutien aux droits de notre peuple à Gaza ne contredit pas l’appel à arrêter la guerre d’extermination et à soutenir la résistance sous toutes ses formes, y compris la lutte révolutionnaire armée.
Le Front a noté que les comités de boycott répandus dans le monde, notamment en Europe et en Amérique, constituent un vaste mouvement dans lequel toutes les institutions palestiniennes, les partisans du peuple palestinien et les comités de solidarité sont actifs. Ils ne sont pas liés au Comité national de boycott, sis à Ramallah, et n’acceptent ni ordres ni décisions de leur part.
Le mouvement international de solidarité a souligné que les justifications du Comité de boycott de Ramallah et son appel au silence sur la résistance armée dans les pays occidentaux sont des positions inexactes et loin de la réalité, car la présence palestinienne et les mouvements de solidarité avec le peuple palestinien sont tous visés par les alliés de l’entité sioniste et sont accusés d’« antisémitisme » lorsqu’ils adoptent tel ou tel slogan.
Le Front souligne que la tentative de certaines parties de neutraliser l’adhésion au slogan de la résistance armée constitue un affaiblissement de la lutte nationale palestinienne et de la légitimité de la résistance armée combattant dans la patrie. Cette tentative ignore le soutien et le consensus des millions de sympathisants à travers le monde pour cette lutte, cette méthode et ce slogan. La résistance armée palestinienne et les factions de résistance de la région sont devenues une icône et une source d’inspiration pour tous les peuples libres du monde. Le slogan « Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre » est devenu le slogan central. Cela résonne dans la gorge des révolutionnaires du monde entier.
Quelle fierté de lire les mots du FPLP !
Longue vie au peuple palestinien ! Vive la Résistance !
Communistus