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fondé par Michèle Mestre

25 mars 2024 · no 172

Il y a 25 ans : le bombardement de la Yougoslavie

Il y a 25 ans : le bombardement de la Yougoslavie par les impérialistes de l’OTAN (France, Belgique, Etats-Unis)

La « conférence de Rambouillet »(6 février-19 mars 1999) est une négociation en France entre les combattants du Kosovo et la Yougoslavie. Échec. La Yougoslavie accepte bien l’envoi d’observateurs de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) et de l’Union européenne (UE), mais refuse les émissaires de l’OTAN, dont elle connaît la partialité. L’OTAN exige un droit de passage absolu pour ses personnels et ses matériels à travers la République fédérale de Yougoslavie, formulée dans l’Annexe B des accords de Rambouillet (<www.csotan.org/textes/doc.php?art_id=61&type=documents>).

Ne pas minimiser : C’est une totale nouveauté depuis 1945. Sans aucun motif ni justification. L’OTAN, organisme militaire fondé en 1949 par le camp impérialiste, se mêle des affaires intérieures d’un État non membre de l’OTAN, décide de bombarder et bombarde pendant 78 jours la Yougoslavie (23 mars-10 juin 1999). L’ONU et son Conseil de sécurité sont totalement ignorés. Les bombardements sont décidés le 22 mars 1999.

L’opération Force alliée (OTAN Operation Allied Force, USA : Operation Noble Anvil) est une suite de bombardements par l’OTAN de cibles yougoslaves, surtout sur Belgrade, la capitale. Participants souvent oubliés : France (président Jacques Chirac), Belgique (roi Albert II), États-Unis (président Bill Clinton), OTAN (secrétaire général Javier Solana). Il faut 37 465 sorties aériennes pour faire plier la République fédérale de Yougoslavie, soit 480 par jour.

À partir de la base aérienne d’Amendola (province des Marches en Italie), très proche de la Yougoslavie.

Les avions belges effectuent 679 sorties et larguent 279 bombes et missiles.

Les avions français font environ 2 000 sorties ; tir effectif de 988 bombes et missiles

Les force US utilisent plus de 30 000 projectiles à l’uranium appauvri radioactif.

Les bombardements font entre 2 000 et 3 000 morts et plus de 12 500 blessés et mutilés (brûlures d’uranium appauvri, roquettes et bombes larguées par des bombardiers).

La cible déclarée du bombardement est le pouvoir du communiste Slobodan Milošević. Il est secrétaire du Parti socialiste serbe qui vient de remplacer la Ligue des communistes de Serbie. De nombreux bâtiments non militaires (notamment tous les ponts sur le Danube et des usines chimiques) sont bombardés.

Le 23 avril 1999, en début de matinée, les avions de l’OTAN bombardent les quartiers généraux et les studios de la Radio-Télévision d’État serbe (Radio Televizija Srbije, RTS), au centre de Belgrade.

Dans la nuit du 7 au 8 mai 1999, des bombardiers furtifs B-2, arrivés tout droit des États-Unis, larguent trois bombes auto-guidées sur le bâtiment neuf abritant l’ambassade chinoise. La Chine populaire est alors dirigée par Jiang Zemin.

À la suite de cette offensive impitoyable, la République fédérale de Yougoslavie s’est désintégrée et le Kosovo, une province autonome, initialement utilisée comme prétexte pour « justifier » les bombardements, se proclame république indépendante. En 2021, le Kosovo décide d’installer son « ambassade » en Israël à Jérusalem. Plus important encore, la plus grande base militaire US d’Europe y a été construite en un temps record, le camp Bondsteel.

Ce bombardement de la Yougoslavie est le précédent d’une pratique arrogante de l’impérialisme qui continue depuis lors. De nombreux autres crimes ont été commis par l’OTAN.

Invasion et occupation de l’Afghanistan, débutées le 7 octobre 2001 et qui se sont achevées à la chute de Kaboul aux mains des talibans le 15 août 2021.

L’Irak est envahi par les troupes de l’OTAN en mars 2003, tuant des milliers de personnes, blessant et mutilant, avec la « justification », plus tard démentie par le président US George W. Bush à l’époque, que l’Irak possédait des armes de destruction massive.

De même, l’OTAN – sous l’impulsion spéciale de la France de Sarkozy – est intervenue en 2011 en Libye, allant jusqu’à l’assassinat du président Mouammar Kadhafi. Le pays sombre dans une anarchie meurtrière qui n’est toujours pas terminée. L’agression de l’OTAN a ouvert les portes au pillage des ressources naturelles (pétrole et gaz) de la Libye.

Le 27 mai 1999, Slobodan Milosevic est inculpé par le TPIY (tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie). C’est une « juridiction » instituée le 25 mai 1993 par la résolution 827 du Conseil de sécurité de l’ONU pour poursuivre et juger les coupables de violations graves du droit international humanitaire sur le territoire de l’ex-Yougoslavie à compter du 1er janvier 1991, c’est-à-dire guerre de Croatie, guerre de Bosnie-Herzégovine et guerre du Kosovo. Chassé du pouvoir en octobre 2000, il est arrêté en avril 2001 et est finalement livré au TPIY par les autorités serbes en juin.

9 juin 1999. La Yougoslavie signe à Kumanovo (Macédoine) le retrait de ses forces du Kosovo. Le 10 juin 1999, l’OTAN annonce l’arrêt des frappes aériennes. Le 12 juin 1999, début du déploiement au Kosovo de la Force de paix de l’OTAN, la KFOR. Retrait des 41 000 soldats et policiers yougoslaves. La France envoie son ancien ministre des Affaires étrangères Bernard KOUCHNER, pour « gouverner le Kosovo.

Profitant du vide d’autorité, l’UCK, organisation paramilitaire séparatiste du Kosovo impose son pouvoir politique. En 2008, une indépendance est déclarée par les séparatistes. Cet État n’est toujours pas reconnu par la Serbie ni par 45 membres de l’ONU. Seuls 94 sur 193 membres ont voté pour. Dans l’UE, cinq ne reconnaissent pas le Kosovo de Chypre, Espagne, Grèce, Roumanie, Slovaquie.

En 2024, il y a eu en Serbie une manifestation pour rappeler l’horreur de ces bombardements.

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25 mars 2024


BIBLIOGRAPHIE

Slobodan Milosevic, Les années décisives, L’Âge d’Homme, 1990

Michael Parenti, Tuer une nation. L’assassinat de la Yougoslavie, éditions Delga, 2014 trad. française, 2000 version anglaise

Patrick Barriot et Ève Crépin, On assassine un peuple. Les Serbes de Krajina, L’Âge d’Homme, 1999.