Échec à la conférence des scissionnistes. Préparons la création d’une nouvelle Association internationale des travailleurs
Depuis le mois de mai 1958, notre publication se présente comme le Mensuel de l’opposition révolutionnaire du Parti communiste français. À partir de ce numéro 47, d’octobre 1958, notre sous-titre devient Mensuel de la tendance révolutionnaire du Parti communiste français. Cette modification exprime notre souci de répondre à la situation nouvelle qui commence à se développer dans le parti et notre volonté d’intervenir au sein de celui-ci d’une manière plus positive, plus constructive. (Le Communiste 47, octobre 1958, p. 2)
La tendance révolutionnaire du Parti communiste français enregistre avec satisfaction les difficultés grandissantes que rencontrent les opportunistes du mouvement communiste international pour réunir ce qu’ils appellent une « Conférence des Partis communistes et ouvriers ».
Elle n’exclut pas maintenant que les plans des opportunistes soient mis en échec et que la dite « Conférence » ne puisse se réunir.
Dès le mois d’avril 1964, la tendance révolutionnaire du Parti communiste français appelait à « condamner sans hésitation » le projet de conférence. C’est ainsi qu’elle écrivait dans le n° 100 (avril 1964) du Communiste :
Les opportunistes et les révisionnistes préparent la tenue d’une « conférence des Partis communistes et ouvriers » pour la fin de cette année. Le soutien que donne à cette proposition la direction opportuniste de notre Parti, rend déjà cette conférence suspecte… La « conférence des Partis communistes et ouvriers » aura pour objet essentiel de condamner les communistes chinois, de faire leur procès et de mettre au pilori toutes les forces qui luttent pour que la stratégie du mouvement communiste international devienne celle de la révolution mondiale. Mais pourquoi les opportunistes et les révisionnistes éprouvent-ils maintenant un besoin de regroupement, de resserrement organisationnel ? Parce que la poussée de la révolution dans le monde les oblige à aller jusqu’aux ultimes conséquences de leur position : il n’est plus suffisant d’être pays par pays, un obstacle à la progression des idées et des pratiques favorables au développement de la révolution mondiale ; il faut le devenir internationalement en votant des résolutions qui ligotent les Partis et les classes ouvrières du monde entier.
Le Comité central du Parti communiste de Nouvelle Zélande (résolution des 25 et 26 juillet 1964), le Comité centrai du Parti communiste de Chine (lettre du 30 août au C.C. du P.C.U.S.), le Comité central un Parti du Travail de Corée (résolution du 31 août) ont fait connaître publiquement leur refus de participer à la dite « conférence ». D’autres prises de positions similaires émanant du Parti du Travail d’Albanie, du Parti communiste d’Australie ont également été faites en même temps que les Comités centraux du Parti communiste du Japon et du Parti communiste d’Indonésie formulaient les plus grandes réserves à l’égard de la « conférence ».
La tendance révolutionnaire du Parti communiste français se déclare solidaire de toutes les forces communistes qui refusent de participer ou de soutenir la conférence que veulent organiser les opportunistes scissionnistes. Elle se donne pour tâche de populariser dans le mouvement communiste français, la juste prise de position des forces révolutionnaires du mouvement communiste international qui se dressent contre la tenue de la conférence scissionniste.
LE CONTRE-PROJET DES RÉVOLUTIONNAIRES
Mais les militants révolutionnaires du Parti communiste français ne sauraient se limiter à dénoncer la conférence des scissionnistes. Il faut qu’ils opposent, surtout maintenant que ces derniers sont en difficulté, au projet des opportuniste scissionnistes, le CONTRE-PROJET des révolutionnaires.
Qu’est-ce que le contre-projet des révolutionnaires ?
C’est une série de propositions qui, d’étape en étape, traceront la voie qui conduira à la création d’une nouvelle Association Internationale des Travailleurs.
Les peuples qui ont encore à détruire le régime d’exploitation sont particulièrement sensibilisés par le problème d’une nouvelle Internationale car l’internationale c’est la garantie de l’aide illimitée entre révolutionnaires, c’est la concrétisation politique et organisationnelle du fameux principe : « Prolétaires de tous les pays unissez-vous ».
La classe ouvrière française a le désir profond de voir se constituer une nouvelle Association internationale des Travailleurs. Mais elle a déjà contre elle, pour mener ce projet à bien, la direction du Parti communiste français qui se révèle devoir être parmi les plus acharnées à empêcher la création d’une nouvelle Association internationale des Travailleurs. C’est ainsi qu’il faut retenir comme étant particulièrement significative cette prise de position de la direction du Parti communiste français faite à l’occasion de la publication du Mémorandum de Palmiro Togliatti : « Il ne saurait être dans l’intention d’aucun des Partis qui sont favorables à la conférence de réclamer la création d’une nouvelle organisation internationale centralisée » (L’Humanité du 5 septembre 1964).
Mais la résistance des opportunistes sera vaincue dans ce domaine comme dans tous les autres domaines. La progression de la révolution dans le monde impose et imposera de plus en plus impérieusement le regroupement, en un centre unique d’action, de toutes les forces révolutionnaires.
POUR UNE CONFÉRENCE AYANT À SON ORDRE DU JOUR LA LUTTE CONCERTÉE POUR LE DÉVELOPPEMENT DE LA RÉVOLUTION MONDIALE
Les militants communistes révolutionnaires français opposent au projet des opportunistes de réunir une conférence des Partis communistes dont l’ordre du jour serait encore une fois les problèmes de la « coexistence pacifique et de la paix », le contre-projet d’une conférence qui débattrait de la lutte concertée pour le développement de la révolution mondiale.
Pourquoi discuter encore de la « coexistence pacifique et de la paix » ? Tout ce qui pouvait être dit à ce sujet l’a été par les Conférences de Moscou de 1957 et 1960, ces conférences de compromis, maintenant totalement dépassées par le mouvement de la révolution dans le monde et le renforcement des forces révolutionnaires.
Les opportunistes ont beau dire qu’il faut intégrer dans la politique des Partis communistes les
changements intervenus dans le monde depuis 1957 et 1960, pratiquement, ils ne le font pas puisqu’ils empêchent par tous les moyens --- y compris les pires calomnies --- que la stratégie du mouvement communiste international se fonde sur l’action concertée pour le développement de la révolution dans le monde.
Mais le vent de l’histoire porte la politique des révolutionnaires. Leur regroupement et leur cohésion grandiront tandis que s’élargiront les failles dans le camp des opportunistes. Prenons à ce propos pour preuve ce Mémorandum de Palmiro Togliatti dont le seul intérêt aura justement été de révéler combien est profond le désarroi et l’esprit défaitiste de ces dirigeants opportunistes incapables de faire confiance à la capacité révolutionnaire des masses.
Plus la conférence des opportunistes scissionnistes aura de difficulté à se réunir, plus les révolutionnaires pourront passer à l’offensive :
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NON à une conférence qui ligoterait le mouvement communiste à la politique de coexistence pacifique et à celle des voies pacifiques et qui aggraverait encore la division actuelle par sa condamnation des thèses révolutionnaires.
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OUI à une conférence qui mettrait à l’ordre du jour les problèmes de la révolution mondiale. Une conférence qui, parce qu’elle serait au niveau des exigences de l’époque, œuvrerait à ressouder l’unité du mouvement communiste international et l’aiderait à se débarrasser des dirigeants incapables.
POUR UNE CONFÉRENCE OUVERTE À TOUS LES MOUVEMENTS RÉVOLUTIONNAIRES DU MONDE
La conférence internationale ne pourra pas se limiter au seul regroupement des Partis communistes et cela, du simple fait, qu’il existe désormais dans le monde des mouvements qui, tout en ne se réclamant pas du marxisme-léninisme sont d’authentiques mouvements révolutionnaires. On peut même dire que certains de ces mouvements ou partis, tel le Parti du F.L.N. algérien sont bien plus révolutionnaires que tel ou tel Parti communiste dirigé par des opportunistes.
À ce sujet il est bon de se rappeler l’exemple de l’Association internationale des Travailleurs fondée par Marx et Engels il y a tout juste 100 ans. Cette Première Internationale qui fonctionnant alors comme un centre international visait essentiellement à aider chaque organisation nationale adhérente à réaliser ses propres objectifs. Un seul principe commandait alors l’Association internationale des Travailleurs : l’action révolutionnaire pour l’émancipation totale des exploités.
Ce que la Première Internationale n’a pu réaliser dans la seconde moitié du XIXe siècle, le mouvement révolutionnaire de la seconde moitié du XXe siècle le réalisera car maintenant les conditions existent pour détruire irréversiblement, d’étape en étape, les régimes d’exploitation.
Les opportunistes scissionnistes sont les plus grands adversaires de la création d’une nouvelle organisation internationale centralisée. Mais ils ne pourront empêcher que s’impose, de plus en plus, la nécessité d’une conférence ouverte à toutes les formations authentiquement révolutionnaires afin de réaliser pratiquement et jusqu’à sa conclusion ultime la grande devise : « Prolétaires de tous les pays unissez-vous ».
LE RÔLE DES MILITANTS COMMUNISTES RÉVOLUTIONNAIRES FRANÇAIS
Les militants communistes révolutionnaires français ont conscience d’agir dans l’un des pays du monde où l’action sera des plus décisives pour le développement de la révolution prolétarienne. De grandes luttes de classe s’y préparent que la bourgeoisie tentera inévitablement de briser par la violence. Mais la classe ouvrière française dont le niveau de conscience est très élevée et dont la combativité grandit n’hésitera pas à recourir aux pratiques révolutionnaires les plus audacieuses quand le moment en sera venu.
Les dirigeants opportunistes du Parti communiste français mènent de nos jours une campagne systématique en faveur de la conférence scissionniste ; ils répandent les pires calomnies contre les révolutionnaires et plus précisément contre les communistes chinois.
Mais leur audience diminue parmi les militants ouvriers communistes. Un nombre grandissant de ceux-ci prend conscience que les dirigeants du Parti sont incapables de conduire les grandes luttes à venir et que dans le mouvement communiste international, ils ne font qu’un travail de diviseur.
La crainte principale des dirigeants opportunistes c’est d’être débordés par les forces révolutionnaires qui se lèvent. Ils ont raison d’avoir peur car ce débordement se prépare et cela justement à cause de la capacité des militants communistes révolutionnaires d’avoir des mots d’ordre de plus en plus concrets pour défendre la politique révolutionnaire :
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Lutter pour une conférence internationale qui discutera des problèmes de la révolution mondiale,
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Lutter pour la création d’une nouvelle Association internationale des Travailleurs,
ce sont là des objectifs concrets, des objectifs qui sont et seront de plus en plus susceptibles de rassembler un nombre grandissant d’ouvriers révolutionnaires français pour qui l’internationalisme prolétarien n’est pas une phrase creuse.
LE COMMUNISTE