Mahmoud, Tes jambes grandissent jusqu’au ciel, en Palestine, et ces deux arbres, dans leurs racines, dans leur ombre ont déjà libéré la terre. Et toi, tu es uni à la Palestine et la Palestine s’est unie à toi. Tes jambes sont deux soleils qui tournent autour de la Palestine. Et la Palestine change de couleur quand ses deux soleils se lèvent ou se couchent. Mahmoud, tu marcheras en Palestine. Tu y marcheras. Et tu sentiras sous ton pas, l’odeur de la terre, mille odeurs différentes de l’été au printemps. Et parce que tu es joyeux, et parce que tes yeux ouvrent le monde et parce que le monde est dans ton sourire, dans ton regard,
113dans ta force de vie, tu ouvriras la porte de la Palestine libre toi-même, tu briseras les clés. Et quand tu étendras la main, les blés jailliront, et des oliviers pousseront. Parce que tu es la force et la vie Et la Palestine.
Lui, il est né la même année que l’Etat sioniste. Il est né
Palestinien.
Tu vois, ils ont créé l’Etat d’Israël le 14 mai, et ce jour-là, ils ont décidé que la Palestine n’existerait plus.
Mais lui, il est de Palestine.
Ses parents sont Palestiniens, ses frères et ses sœurs, ses enfants,
sont Palestiniens.
Et quand il est né, deux mois après l’Etat sioniste, il est né
Palestinien.
Et maintenant ?
Il dit :
Je me souviens de toutes les rues, des maisons et de mes amis.
Et son visage est pensif.
Il dit : me,,,. mo1re.
.
Mais nous reconstruirons la Palestine de notre
Et son visage est joyeux.
Il dit :
En Palestine, nous n’aurons jamais trop de médecins. Ils aideront les autres pays arabes.
Et son visage est souriant.
Il dit :
Je suis Palestinien et je suis un roi.
Et son visage est fier. Et il rit.
Il dit :
La première fois que tu perds un ami, tu pleures. Et tu t’en vas.
La deuxième fois que tu perds un ami, tu pleures. Et tu t’en vas.
La troisième fois, la dixième fois, c’est pareil. Après, quand tu perds un ami, tu verses un peu de terre sur sa tombe, et tu passes. Et son visage alors est un profil fern1é. Lointain.